Des scientifiques ont découvert une anomalie thermique sur la face cachée de la Lune, offrant un nouvel aperçu de notre satellite. L'origine de ce point chaud a de quoi surprendre: elle provient vraisemblablement de la radiation naturelle émanant d'une énorme masse enfouie de granite sous un volcan éteint depuis 3.5 milliards d'années, une roche qu'on retrouve rarement en grande quantité en dehors de la Terre.
Carte de la face cachée de la Lune prise par la mission GRAIL de la NASA. Les observations récentes ont révélé une étrange anomalie thermique, probablement issue d'un volcan éteint depuis longtemps. Image: NASA/ARC/MIT
"C'est d'une nature bien plus terrestre que lunaire: la Lune ne dispose ni d'eau, ni de tectonique des plaques, conditions favorisant la formation de granite sur Terre", déclare Matt Siegler, auteur principal de l'étude, du Planetary Science Institute à Tucson, en Arizona.
Siegler et sa collègue Rita Economos de la Southern Methodist University ont découvert cette source de chaleur à l'aide d'une nouvelle méthode qui utilise des micro-ondes pour mesurer les températures sous la surface. Ils ont utilisé les données des orbiteurs lunaires chinois Chang'E 1 et 2, ainsi que du Lunar Prospector et du Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA.
Ils ont découvert une zone de 50 kilomètres de diamètre où la température est supérieure d'environ 10 degrés Celsius à celle des alentours. Cette région se situe sous une tache de 20 km de diamètre à la surface, riche en silicium et présumée être un cratère volcanique effondré.
"Ce que nous avons trouvé est un batholite de 50 km de large; un batholite est un type de roche volcanique qui se forme lorsque la lave monte dans la croûte sans érupter à la surface", explique Economos. "El Capitan et Half Dome, à Yosemite en Californie, sont des exemples de roches granitiques similaires qui ont émergé à la surface."
Stephen M. Elardo, géochimiste à l'Université de Floride non impliqué dans l'étude, trouve ces découvertes "incroyablement intéressantes". Le granite est extrêmement courant sur Terre, mais pas ailleurs dans le système solaire. "Si les conclusions de Siegler et de ses collègues se confirment, cela pourrait être essentiel pour comprendre le fonctionnement interne des autres corps rocheux du système solaire."