Dans les forêts anciennes du Gondwana, un petit chasseur agile évoluait parmi les premiers géants herbivores. La découverte de Maleriraptor kuttyi en Inde révèle une diversité insoupçonnée chez les dinosaures prédateurs du Trias supérieur.
Reconstitution de Maleriraptor kuttyi aux côtés du sauropodomorphe unaysauridé Jaklapallisaurus asymmetricus, tous deux issus du Norien inférieur de la formation d'Upper Maleri, dans le centre-sud de l'Inde. Illustration de Márcio L. Castro.
Cette espèce, identifiée grâce à des fossiles vieux de 220 millions d'années, apporte un éclairage inédit sur la répartition des herrérasauriens. Ces carnivores bipèdes, longtemps considérés comme majoritairement sud-américains, peuplaient également l'Inde, suggérant une adaptation à des environnements variés.
Un chaînon manquant dans l'arbre évolutif
Maleriraptor kuttyi présente des caractéristiques intermédiaires entre les herrérasauriens primitifs d'Amérique du Nord et les formes plus récentes d'Amérique du Sud. Son anatomie, analysée dans Royal Society Open Science, combine des traits ancestraux et spécialisés.
Les chercheurs ont utilisé des méthodes phylogénétiques pour situer ce dinosaure dans l'histoire évolutive. Les résultats indiquent une position clé, reliant des lignées géographiquement distinctes.
Cette découverte comble un vide temporel entre les faunes carnivores du Carnien et du Norien. Elle montre une persistance des herrérasauriens après l'extinction des rhynchosaures, des reptiles herbivores dominants auparavant.
a) Paléocarte du Trias supérieur montrant les zones de présence des herrérasaures. b) Carte des bassins du Gondwana en Inde, avec mise en évidence de la vallée de Pranhita-Godavari. c) Carte géologique détaillée d'une portion de la vallée de Pranhita-Godavari indiquant les localités types des dinosaures nommés de la formation d'Upper Maleri. d) Reconstitution du squelette de Maleriraptor kuttyi (dessin de M.S.G.) avec les ossements conservés figurés en couleur.
Une survie liée au climat ?
L'absence d'herrérasauriens en Amérique du Sud au Norien pourrait s'expliquer par des différences climatiques. L'Inde partageait alors des conditions similaires à celles de l'Amérique du Nord, favorisant certaines espèces.
Les fossiles indiens incluent des vertèbres et des os pelviens, typiques des prédateurs agiles. Ces éléments confirment un mode de vie actif, adapté à la chasse dans un écosystème en mutation.
Cette étude souligne l'importance des échanges fauniques entre les continents durant le Trias. Les similarités entre l'Inde et l'Amérique du Nord ouvrent de nouvelles pistes sur la dispersion des dinosaures.