Le décrochage scolaire, prévisible ?

Publié par Isabelle,
Source: Renée Larochelle - Université LavalAutres langues:
12
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)


Illustration: Wikimedia Commons
Au début des années 1950, une médecin américaine, Virginia Apgar, a élaboré une liste de critères destinée à évaluer l'état d'un bébé à la naissance, indice sur lequel se basent depuis les obstétriciens. Selon le score obtenu, l'équipe médicale décide si le nouveau-né a besoin de surveillance ou de soins rapidement. En se basant sur l'indice d'Apgar, qui a sauvé des milliers de bébés, Égide Royer a conçu un algorithme permettant d'évaluer les risques de décrochage scolaire chez les élèves du 1er cycle du primaire et chez ceux du 1er cycle du secondaire. "Un pointage bas signifie que l'élève est en difficulté et qu'on doit se mobiliser avant qu'il ne soit trop tard", explique ce spécialiste en adaptation scolaire. Professeur contractuel au Département d'études sur l'enseignement et l'apprentissage, Égide Royer a présenté son projet lors du congrès de l'Association québécoise des troubles d'apprentissage, tenu récemment à Montréal.

Comment fonctionne cet algorithme ? Sur une échelle de 0 à 3, l'enseignant est invité à évaluer l'élève du primaire sur sept critères. L'enseignant évalue d'abord les aptitudes en lecture, en mathématiques et en technologies numériques. Sont aussi calculées la capacité de compléter les tâches entreprises, celle de suivre les consignes, de même que la présence ou l'absence de problèmes de comportement. En dernier lieu, on invite l'enseignant à faire une projection dans le temps et à imaginer le jeune à l'âge de 12 ans. La probabilité qu'il réussisse à l'école est-elle nulle, faible, moyenne ou élevée ?

"L'idée derrière ça, c'est de "se faire une tête" sur les chances de l'élève de persévérer et de réussir, souligne Égide Royer. Selon les résultats obtenus, certains seront à surveiller et auront besoin d'aide de manière ponctuelle, tandis que d'autres, plus à risque, nécessiteront un suivi professionnel et des mesures d'aide sur plus d'une année."

Égide Royer a fait le même exercice pour les élèves du secondaire; son algorithme de la réussite comporte ainsi des critères similaires auxquels s'ajoutent ceux de la fréquentation scolaire et de l'assiduité aux cours. La question finale posée à l'enseignant est évidemment adaptée au contexte: "Maintenant, fermez les yeux, imaginez ce jeune à 18 ans et évaluez la probabilité qu'il obtienne un des diplômes du secondaire."

Auteur de nombreux ouvrages sur la réussite scolaire, Égide Royer raconte qu'on lui demande souvent si un enfant qui naît dans un milieu défavorisé présente plus de risques de décrochage. Réponse: la majorité des jeunes qui sont en difficulté au Québec et au Canada ne vivent pas en milieu défavorisé. "Le fait d'avoir un déficit d'attention n'est aucunement relié avec la déclaration de revenus des parents, note Égide Royer. Les caractéristiques de la famille, comme le degré de scolarité de la mère et le degré d'habileté parentale, comptent bien plus que le milieu socioéconomique."

Selon ce conférencier recherché, la façon dont les parents parlent de leur expérience scolaire a également une grande influence sur leurs enfants. Par exemple, un parent qui relate ses dernières années au secondaire en insistant sur ses difficultés et en clamant à tout vent que "l'école, c'est plate" sème de la mauvaise graine. À l'inverse, un autre qui parle de ses années d'école comme d'une période d'épanouissement et de découvertes creuse un sillon favorable à l'apprentissage chez le jeune.
Page générée en 0.242 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise