La domestication des animaux en Asie centrale remontent à au moins 8 000 ans

Publié par Isabelle le 14/04/2021 à 13:00
Source: CNRS INEE
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Une nouvelle étude interdisciplinaire vieillit de plus de 3000 ans la présence d'espèces domestiques au cœur de l'Asie Centrale.

Le long des chaînes de montagnes du Tian Shan et de l'Alay, en Asie centrale, les moutons et autres animaux domestiques constituent le coeur de l'économie contemporaine. Bien que les mouvements de leurs anciens prédécesseurs aient contribué à façonner les grands réseaux commerciaux de la route de la soie, on pensait que les animaux domestiques étaient arrivés relativement tard dans la région. Une nouvelle étude, publiée aujourd'hui dans la revue Nature: Human Behavior, révèle que les racines de la domestication des animaux en Asie centrale remontent à au moins 8 000 ans, faisant de la région l'un des plus anciens paysages pastoraux continuellement habités au monde.


Reconstitution artistique de l'Habitat des habitants de la grotte Obishir-5 il y a environ 8 mille BP (Crédits: A.V. Abdulmanova)

La domestication des moutons, des chèvres et des bovins a eu lieu pour la première fois dans le Croissant fertile de la Mésopotamie et dans les zones montagneuses voisines de l'Asie occidentale il y a environ 10 000 ans, parallèlement à la domestication des cultures végétales comme le blé et l'orge. Cette innovation dans la subsistance humaine, connue sous le nom de "révolution néolithique", s'est propagée vers le nord en Europe et vers le sud en Afrique (D’une superficie de 30 221 532 km2 en incluant les îles,...) et en Inde, transformant les sociétés humaines sur trois continents. Mais jusqu'à récemment, il semblait que cette expansion spectaculaire des plantes et des animaux domestiques n'avait pas atteint les riches zones montagneuses d'Asie centrale vers l'est, où - malgré leur importance considérable dans les derniers millénaires de l'âge du bronze (Le bronze est le nom générique des alliages de cuivre et d'étain. Le terme airain...) et au-delà - il y avait peu de preuves d'une dispersion (La dispersion, en mécanique ondulatoire, est le phénomène affectant une onde dans un...) néolithique.

Cela a changé lorsqu'une équipe internationale de scientifiques, dirigée par le Dr. Svetlana Shnaider désormais au sein du Laboratoire International de Recherche ZooSCAn du CNRS et de l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie de la Branche Sibérienne de l'Académie des Sciences (Une académie des sciences est une société savante dont le rôle est de promouvoir la recherche...) de Russie (Novossibirsk, Russie) et le Dr. Aida Abdykanova de l'Université Américaine d'Asie Centrale (Kirghizstan), a décidé de revisiter l'abri sous roche Obishir V, niché dans un précipice montagneux le long de la frontière (Une frontière est une ligne imaginaire séparant deux territoires, en particulier deux...) sud du Kirghizstan avec l'Ouzbékistan. Le site, qui avait été découvert et fouillé pour la première fois par des archéologues soviétiques au XXe siècle (Un siècle est maintenant une période de cent années. Le mot vient du latin saeculum, i, qui...), avait livré un assemblage d'outils lithiques, dont certains semblaient avoir été utilisés pour le traitement des céréales.

Pour le vérifier, les Dr. Shnaider et Abykanova se sont associées à l'auteur principal, le Dr W. Taylor, spécialiste de la domestication des animaux au Musée d'Histoire Naturelle de l'Université du Colorado-Boulder et à l'Institut Max Planck pour la Science (La science (latin scientia, « connaissance ») est, d'après le dictionnaire...) de l'Histoire Humaine, ainsi qu'à une équipe d'experts internationaux, incluant des chercheurs de deux laboratoires du CNRS, l'UMR PACEA et l'IRL ZooSCAn.

La couche culturelle la plus ancienne du gisement d'Obishir a été datée aux environs de 6 000 avant notre ère, soit vieille de plus de 8 000 ans, trois millénaires avant l'arrivée connue des animaux domestiques en Asie centrale. Elle livre des ossements attestant de la consommation sur place des animaux et l'étude des marqueurs de croissance dans le cément de leurs dents établit leur abattage à l'automne, comme c'est le cas dans de nombreuses sociétés d'élevage. Mais de par la forte fragmentation des ossements, les espèces n'ont pas pu être identifiées à l'aide d'une analyse anatomique standard.

"Cette découverte ne fait qu'illustrer le nombre de mystères qui subsistent concernant la préhistoire de l'Asie intérieure - le carrefour culturel du monde antique"

Dr. Robert Spengler, Institut Max Planck - coauteur de l'étude et auteur de Fruits from the Sands: The Silk Road origins of the foods we eat.

Au lieu de cela, les chercheurs ont appliqué une approche interdisciplinaire utilisant à la fois la paléogénomique et l'empreinte peptidique du collagène (Le collagène est une famille de protéines fibreuses constituant les tissus conjonctifs...) pour identifier les restes d'animaux. En comparant leurs résultats avec les génomes d'espèces de moutons sauvages et domestiques de toute l'Eurasie, les chercheurs ont fait une découverte surprenante: "Avec chaque nouvelle preuve, il est devenu de plus en plus clair qu'il ne s'agissait pas de moutons sauvages, mais d'animaux domestiques", explique Taylor.

"Cette découverte ne fait qu'illustrer le nombre de mystères qui subsistent concernant la préhistoire de l'Asie intérieure - le carrefour culturel du monde antique", déclare le Dr. Robert Spengler, de l'Institut Max Planck - coauteur de l'étude et auteur de Fruits from the Sands: The Silk Road origins of the foods we eat.

Des travaux futurs seront nécessaires pour comprendre tout l'impact des résultats de l'étude et leurs implications pour le reste de l'Eurasie ancienne. Appuyée désormais par le laboratoire international du CNRS, le Dr. Shnaider prévoit de retourner à Obishir V l'été prochain pour y chercher des indices et déterminer si d'autres animaux domestiques, ou des plantes domestiques, comme le blé et l'orge, se sont également répandus au Kirghizstan depuis la Mésopotamie dans un passé lointain. Grâce à une bourse du Conseil européen de la recherche, Christina Warinner (Harvard/MPI-SHH), partenaire et co-auteur du projet, est à la tête d'un effort visant à déterminer si ces premiers moutons d'Asie centrale se sont répandus ailleurs dans la région et s'ils étaient utilisés pour produire du lait ou de la laine.

"Ce travail n'est qu'un début", déclare Taylor. "En appliquant ces techniques interdisciplinaires, nous commençons à dévoiler les indices du passé de l'Asie centrale."


Reconstitutions artistiques de la vie quotidienne des habitants de la grotte Obishir-5 il y a environ 8 mille BP (Crédits: A.V. Abdulmanova)


Reconstitution artistique de l'Habitat des habitants de la grotte Obishir-5 il y a environ 8 mille BP (Crédits: A.V. Abdulmanova)

Références:
Evidence for early dispersal of domestic sheep into Central Asia.
Nature Human Behavior.
William T. T. Taylor, Mélanie Pruvost, Cosimo Posth, William Rendu, Maciej T. Krajcarz, Aida Abdykanova, Greta Brancaleoni, Robert Spengler, Taylor Hermes, Stéphanie Schiavinato, Gregory Hodgins, Raphaela Stahl, Jina Min, Saltanat Alisher kyzy, Stanisław Fedorowicz, Ludovic Orlando, Katerina Douka, Andrey Krivoshapkin, Choongwon Jeong, Christina Warinner, Svetlana Shnaider.
DOI: 10.1038/s41562-021-01083-y

Contact:
- William Rendu - Archaeozoology in Siberia and Central Asia (ZooSCAn - CNRS / INST OF ARCHAEOLOGY AND ETHNO, SB RAS ) -
william.rendu at cnrs.fr
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