Le plan France 2030, annoncé en octobre 2021, marque son deuxième anniversaire. Doté d'un important budget de 54 milliards d'euros, ce plan vise à positionner la France dans la course mondiale de l'innovation technologique et industrielle. Deux ans après, avec un investissement déjà conséquent de 25 milliards d'euros, le plan soutient plus de 3200 projets, a généré la création de 50 000 emplois et le dépôt de 2 000 brevets. Quels sont ses objectifs, et surtout, cet investissement est-il pérenne ?
Les défis technologiques en question
Lors de sa visite à Toulouse le 11 décembre 2023, un point d'étape a été réalisé par le président lui-même, Emmanuel Macron. Ce dernier a mis en exergue les progrès accomplis et les objectifs futurs. Sept défis majeurs ont été présentés, chacun représentant un domaine technologique.
Le premier concerne
la décarbonation, avec un accent sur le stockage d'énergies et le
nucléaire innovant, y compris la
fusion nucléaire. Cette dernière, reproduisant les processus au cœur des étoiles, pourrait devenir une source énergétique majeure. Actuellement, le pays avance dans ce domaine avec quatre usines de batteries et huit projets de petits réacteurs modulaires (SMR).
L'exploration de l'hydrogène naturel représente le deuxième défi. Cette ressource, encore peu exploitée, pourrait transformer les secteurs des
transports et de l'industrie. Des missions d'exploration sont prévues en 2024 pour évaluer les potentialités sur le
territoire français.
Le troisième défi se focalise sur
les technologies de capture de carbone. Ces technologies sont envisagées pour réduire significativement les émissions de CO2, notamment dans l'industrie.
Quant au quatrième défi, il s'agit de
la cartographie des métaux critiques, essentiels aux batteries électriques. La France s'efforce de sécuriser ses approvisionnements en
lithium, nickel et cobalt. A ce jour, 20% du
besoin en lithium est sécurisé.
Le cinquième défi est axé sur la bioproduction et les technologies du vivant, en particulier pour
le développement de nouveaux médicaments. L'objectif est ambitieux: produire 20 biomédicaments en France d'ici dix ans.
Le développement de
microcomposants pour l'intelligence artificielle représente le sixième défi, visant à créer une industrie française compétitive et atteindre une autonomie en la
matière.
Enfin, le septième défi est de se positionner comme un acteur clé dans l'espace, en développant des
micro-lanceurs et des
cargos spatiaux.
Un bon tremplin à pérenniser
Face aux ambitions élevées de France 2030, une question se pose: les ressources allouées sont-elles à la hauteur des défis à relever ? Avec un investissement de 54 milliards d'euros, le plan affiche clairement sa volonté de catalyser le développement technologique et industriel du pays. Ces défis correspondent indéniablement aux tendances actuelles et à une vision long terme, tant nécessaire qu'utile.
Toutefois, lorsqu'on compare ces investissements avec ceux du secteur privé dans des domaines similaires, des questions se posent. Des entreprises et organisations comme SpaceX et OpenAI (chatGPT), par exemple, sont valorisées respectivement à 150 et 90 milliards de dollars.
L'approche de France 2030, louable dans son intention de mettre en place un tremplin pour l'innovation, laisse entrevoir une nécessité impérieuse. Les projets amorcés par ce financement initial devront démontrer leur capacité à devenir autonomes et à se développer par eux-mêmes. Cette autonomie est essentielle pour que ces initiatives prennent de l'ampleur sur le long terme.
Un autre enjeu crucial se profile: la rétention de ces technologies en France. Pour que le pays bénéficie pleinement de ces avancées, il est impératif d'offrir des incitations suffisantes pour le développement et le financement en local de ces technologies. Cela implique un équilibre délicat entre soutien et régulation, en évitant des restrictions excessives qui pourraient freiner l'innovation.
Le plan France 2030 est indéniablement un pas significatif vers l'avenir technologique de la France, mais il ne doit pas être perçu autrement qu'une étape initiale. La vraie réussite dépendra de la capacité des projets à s'auto-suffire et de la stratégie nationale pour maintenir l'innovation et la croissance technologique.