Longtemps considérés comme les rois des océans, les grands requins blancs voient leur suprématie contestée par un adversaire inattendu: les orques. Ces cétacés, connus pour leur intelligence et leur coopération, ciblent spécifiquement le foie des requins, un organe riche en nutriments. Une découverte récente en Australie confirme ce comportement, déjà observé en Afrique du Sud, et soulève des questions sur l'équilibre des écosystèmes marins.
En octobre 2023, un grand requin blanc de 4,7 mètres s'est échoué près de Portland, en Australie, dépourvu de son foie et de plusieurs organes internes. Des analyses ADN viennent de révéler que les blessures correspondaient à des morsures d'orques. Cette découverte marque la première preuve génétique de la prédation des orques sur les grands requins blancs en Australie. Les chercheurs ont également noté la présence de requins charognards, attirés par la carcasse.
Pourquoi le foie des requins ?
Le foie des requins est particulièrement riche en lipides, offrant une source d'énergie concentrée pour les orques. Ces dernières semblent avoir développé une technique précise pour extraire cet organe, comme en témoignent les blessures observées sur les carcasses. Ce comportement, déjà documenté en Afrique du Sud, suggère une adaptation alimentaire spécifique.
Les orques ne se contentent pas de chasser les requins: elles sélectionnent soigneusement les parties les plus nutritives. Cette stratégie pourrait indiquer une compréhension fine des besoins nutritionnels, renforçant leur réputation de prédateurs intelligents et opportunistes.
Impact sur les écosystèmes marins
La prédation des orques sur les grands requins blancs pourrait avoir des conséquences significatives sur les populations de ces derniers. En Afrique du Sud, la présence d'orques a déjà entraîné une diminution des observations de requins dans certaines zones. Ces changements pourraient perturber l'équilibre des écosystèmes, les requins blancs jouant un rôle clé dans la régulation des populations marines.
A) Orques Ripple (EA_0005) et Bent Tip (EA_0007) observées ensemble à Port Phillip Bay, Australie, en 2015. B) Carcasse de grand requin blanc trouvée à Bridgewater Bay, Australie, le 17 octobre 2023. C) Plaie mordue à la ceinture pectorale avec détection d'ADN d'orque. D) Plaies mordues 2, 3 et 4 avec détection d'ADN de requin à sept branchies (Notorynchus cepedianus).
Les scientifiques s'interrogent sur les répercussions à long terme de ces interactions. Une baisse des populations de requins blancs pourrait entraîner une augmentation des espèces qu'ils chassent, comme les pinnipèdes, avec des effets en cascade sur la chaîne alimentaire.
L'intelligence des orques en question
Les orques sont connues pour leur capacité à élaborer des stratégies de chasse complexes. Leur attaque ciblée sur les requins blancs, visant spécifiquement le foie, démontre une adaptation comportementale remarquable. Cette précision suggère une connaissance approfondie de l'anatomie de leurs proies, acquise au fil des générations.
Leur intelligence collective, combinée à une communication sophistiquée, en fait des prédateurs redoutables. Ces traits pourraient expliquer leur succès dans la chasse aux grands requins blancs, malgré la réputation de ces derniers comme superprédateurs.
Des interactions à surveiller
Les observations récentes en Australie et en Afrique du Sud soulignent l'importance de mieux comprendre les dynamiques entre orques et requins blancs. Ces interactions pourraient influencer la répartition des espèces et la santé des écosystèmes marins. Les chercheurs appellent à une surveillance accrue pour évaluer l'impact de ces prédations sur les populations de requins blancs, déjà fragilisées par d'autres facteurs.
En étudiant ces comportements, les scientifiques espèrent mieux préserver ces espèces emblématiques et maintenir l'équilibre des océans.