les grands carnivores font leur retour en Europe

Publié par Isabelle,
Source: CNRS INEEAutres langues:
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Après des siècles de déclin causé par des politiques d'éradication, la destruction de leur habitat et la réduction de leurs proies, les grands carnivores (ours brun, lynx boréal, loup gris et glouton) font leur retour en Europe depuis une cinquantaine d'années. Toutefois, ces espèces évoluent dans des montagnes et forêts où les humains font de l'élevage, de l'apiculture, chassent ou pratiquent tourisme et loisirs. Ce partage de l'espace génère des tensions, voire des conflits, comme ceux concernant la prédation sur les troupeaux de moutons.


Annual maps of population densities of brown bears, grey wolves, and wolverines in Scandinavia from 2012 to 2018.
© Staffan Widstrand

Pour guider la prise de décision, des questions se posent, qui sont au coeur de l'écologie scientifique. Comment situer ou compter des animaux qui ne se laissent pas voir ? Comment prédire la réponse des grands carnivores à des scénarios de conservation ou de régulation ? Dans ce contexte, des scientifiques norvégiens, américains et français dont des chercheurs du Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE - CNRS/Univ. Montpellier/EPHE/IRD/Univ. Paul Valéry Montpellier 3) ont développé une méthode statistique originale pour cartographier et prédire les populations transfrontalières de grands carnivores (loups gris, ours bruns et gloutons).

Grâce à cette nouvelle approche, les scientifiques peuvent décrire et comprendre en détail la dynamique des populations entières à des échelles sans précédent. Les résultats de cette étude sont parus dans PNASen novembre 2020.

Une composante cruciale de la gestion des populations est la connaissance de la dynamique des populations et de la distribution des espèces sauvages. Les grands carnivores sont un des sujets les plus controversés en gestion des populations. Une approche à l'échelle du paysage pour suivre les populations qui suivrait et prédirait leur devenir au-delà des frontières administratives pourrait aider les humains à mieux coexister avec les prédateurs.


Wolverine Photo © Karel Bartik /Shutterstock

Une équipe de scientifiques norvégiens, américains et français montrent que l'on peut suivre et prédire la dynamique des populations dans le temps et l'espace, à l'échelle de plusieurs pays, avec des conséquences importantes pour la gestion et la conservation des grands carnivores. Les méthodes de suivis modernes comme l'échantillonnage génétique permettent de suivre les populations animales sauvages efficacement, sans avoir à capturer et manipuler les animaux. Le matériel génétique laissé derrière eux par les animaux, par exemple des fèces, de l'urine, ou des poils, permettent d'identifier les animaux et les espèces. Au cours des deux dernières décades, les autorités suédoises et norvégiennes, avec l'aide de volontaires engagés dans des programmes de sciences citoyennes, ont accumulé des dizaines de milliers d'échantillons ADN sur l'ours brun, le loup gris et le glouton partout en Scandinavie.

Avec ces données, l'équipe de scientifiques menée par Richard Bischof a été capable, pour la première fois, de produire des cartes détaillées de la densité des populations du loup, du glouton et de l'ours en Scandinavie. Pour ce faire, l'équipe a développé des modèles statistiques sophistiqués qui ont pour originalité de prendre l'espace en compte explicitement. Ces modèles reposent sur les approches dites de capture-recapture qui permettent de corriger le nombre d'individus observés par la probabilité de détection que l'on estime grâce à l'identification et la recapture répétées des individus. L'établissement de telles cartes, accompagnées des incertitudes qui les caractérisent, offre de nouvelles perspectives sur les populations sauvages qui changent au cours du temps.

[U]Références[/U]:
Estimating and forecasting spatial population dynamics of apex predators using transnational genetic monitoring.
Richard Bischof, Cyril Milleret, Pierre Dupont, Joseph Chipperfield, Mahdieh Tourani, Andrés Ordiz, Perry de Valpine, Daniel Turek, J. Andrew Royle, Olivier Gimenez, Øystein Flagstad, Mikael Åkesson, Linn Svensson, Henrik Brøseth, and Jonas Kindberg. PNAS
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