L'espérance de vie des hommes est souvent inférieure à celle des femmes, et les scientifiques explorent diverses pistes pour comprendre cette disparité. Des facteurs alimentaires pourraient jouer un rôle clé dans ce phénomène.
Une équipe de chercheurs des universités de Hong Kong et de Géorgie, dirigée par Jie V. Zhao et ses collègues, a examiné l'influence de deux acides aminés, la phénylalanine et la tyrosine, sur la longévité humaine. Leur étude, publiée dans la revue Aging, s'appuie sur des données de la UK Biobank incluant plus de 270 000 participants. En combinant des approches observationnelles et génétiques, ils ont cherché à établir des liens entre les niveaux sanguins de ces molécules et l'espérance de vie.
Messieurs: à modérer pour vivre plus longtemps. Image d'illustration Pixabay
Les résultats indiquent que des concentrations élevées de tyrosine dans le sang sont corrélées avec une réduction de l'espérance de vie chez les hommes, pouvant atteindre près d'un an. En revanche, aucun effet significatif n'a été observé chez les femmes. La phénylalanine, après ajustement pour la tyrosine, ne montre pas d'association avec la longévité dans les deux sexes. Ces découvertes suggèrent que la tyrosine pourrait agir indépendamment sur le vieillissement, avec des impacts variables selon le genre.
Les mécanismes sous-jacents pourraient impliquer le rôle de la tyrosine dans la résistance à l'insuline et la production de neurotransmetteurs comme la dopamine et la noradrénaline. Ces substances influencent la réponse au stress et l'humeur, et leurs voies métaboliques pourraient différer entre hommes et femmes. De plus, les hommes présentent généralement des niveaux de tyrosine plus élevés, ce qui pourrait contribuer à l'écart d'espérance de vie observé entre les sexes.
Ces observations soulèvent des questions sur l'utilisation courante de suppléments de tyrosine, souvent promus pour améliorer la concentration et l'énergie. Bien que l'étude n'ait pas directement testé la supplémentation, elle propose que réduire les apports en tyrosine, par exemple via une alimentation modérée en protéines, pourrait favoriser un vieillissement plus sain, particulièrement chez les hommes. Les auteurs indiquent que la phénylalanine ne présente aucune association avec la longévité après contrôle de la tyrosine.
Pour approfondir ces résultats, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer les liens de causalité et explorer des interventions diététiques sûres. Comprendre comment moduler les niveaux de tyrosine pourrait ouvrir des perspectives pour des approches personnalisées en santé publique, visant à prolonger la durée de vie en bonne condition.
Les acides aminés et leur rôle dans l'organisme
Les acides aminés sont des molécules fondamentales qui constituent les protéines et interviennent dans de nombreux processus biologiques. Ils sont essentiels à la croissance, à la réparation des tissus et au fonctionnement du système nerveux. Le corps humain en utilise vingt types différents, dont certains doivent être apportés par l'alimentation car il ne peut les synthétiser lui-même.
La phénylalanine et la tyrosine font partie de ces acides aminés essentiels ou conditionnellement essentiels. On les trouve dans des aliments riches en protéines comme la viande, les produits laitiers, les œufs et les légumineuses. La tyrosine est particulièrement importante car elle sert de précurseur à des neurotransmetteurs comme la dopamine, qui régulent l'humeur et la motivation.
Dans le métabolisme, ces acides aminés sont transformés pour produire de l'énergie ou d'autres molécules. Un déséquilibre dans leurs niveaux peut affecter la santé, par exemple en perturbant la signalisation cérébrale ou en influençant des voies métaboliques liées au vieillissement. Comprendre leur rôle aide à saisir comment l'alimentation impacte la longévité et le bien-être général.