Les musaraignes-éléphants ne vivent pas toujours en couple

Publié par Adrien le 17/03/2022 à 09:00
Source: CNRS INEE
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Dans un article paru dans la revue Ethology, une équipe de chercheurs internationale montre que, bien que l'on ait souvent déclaré que les musaraignes-éléphants étaient le seul ordre de mammifères monogames, il est peu probable que cela soit vrai, d'après une analyse approfondie de la littérature. Leur organisation sociale serait variable, incluant souvent la vie en couple.


Musaraigne éléphant des rochers Elephantulus rupestris. Une espèce de rats à trompe d'Afrique du Sud. L'organisation sociale de cette espèce n'a jamais été étudiée. Seules 8 des 19 espèces de musaraignes d'éléphants ont été étudiées à l'état sauvage.
Crédits: Carsten Schradin

Les musaraigne-éléphants, aussi connues sous le nom de sengi appartiennent à l'ordre des Macroscelidea. Elles sont reconnaissables à leur long nez en forme de trompe d'éléphant, ce qui leur vaut d'être plus proches phylogénétiquement des éléphants que des musaraignes. Il existe 19 espèces de musaraignes-éléphants, toutes endémiques d'Afrique, dont l'espèce Elephantulus revoilii de Somalie qu'on croyait disparue et qui a été redécouverte à l'été 2020.

Les musaraignes-éléphants ont longtemps été considérées comme le seul ordre de mammifères à être complètement monogames, sur la base d'observations de leur organisation sociale de vie en couple. Des scientifiques ont examiné la littérature primaire concernant les composantes des systèmes sociaux (organisation sociale, système d'accouplement) chez les musaraignes-éléphants afin d'évaluer si elles sont réellement monogames. L'organisation sociale décrit la taille, la composition sexuelle et la cohésion spatio-temporelle d'un groupe (Kappeler & van Schaik, 2002) et peut avoir trois grandes catégories: la vie solitaire, la vie en couple ou la vie en groupe. Le système d'accouplement, quant à lui, décrit qui s'accouple avec qui et les conséquences sur la reproduction (par exemple, la paternité).

L'organisation sociale d'une espèce est généralement caractérisée par la forme la plus fréquente, une approche qui ignore la variation intraspécifique (Schradin et al., 2018). Or, la variation intraspécifique de l'organisation sociale (IVSO) a maintenant été signalée chez de nombreux taxons de mammifères, notamment Artiodactyla (Jaeggi et al., 2020), Carnivora (Dalerum, 2007), Eulipotyphla (Valomy et al., 2015) et Strepsirrhini (Agnani et al., 2018).


Le Macroscélide à oreilles courtes (Macroscelides proboscideus)C'est l'une des espèces de musaraignes-éléphants les mieux étudiées. Si la plupart d'entre elles vivent en couple, elles peuvent également vivre en solitaire ou en petits groupes composés d'un mâle et de deux femelles. Des données non publiées issues d'analyses de paternité indiquent que les femelles s'accouplent souvent avec d'autres mâles que leur partenaire de couple.
Crédit: C. Schradin

Afin d'identifier les lacunes dans la connaissance de leur système social, les chercheuses et chercheurs ont examiné les preuves d'une organisation sociale de vie en couple (organisation sociale) et de la fidélité du partenaire (système d'accouplement). Les données de terrain étaient disponibles pour huit espèces, et sept d'entre elles vivaient la plupart du temps en couple. Cependant, ces sept espèces présentaient des variations intraspécifiques dans l'organisation sociale. Deux de ces espèces vivaient également en solitaire, deux autres vivaient également en groupe, et les trois espèces restantes étaient à la fois solitaires et en groupe. La huitième espèce était exclusivement solitaire.

Par ailleurs, les scientifiques ont reconstitué l'organisation sociale ancestrale des Macroscelidea à l'aide de modèles phylogénétiques bayésiens à effets mixtes et ont constaté que l'organisation sociale variable, plutôt que la vie en couple exclusive, était l'état ancestral le plus probable, bien que l'incertitude soit élevée. Aucun facteur socio-écologique (taille du corps, densité de population et habitat) ne prédisait une organisation sociale spécifique. Les observations de l'accouplement ont été rares, de sorte qu'aucune déclaration ferme ne peut être faite sur la monogamie. Cependant, une étude non publiée a indiqué des niveaux élevés d'extra-paire paternité.

Pour la première fois, des scientifiques ont mis en évidence que les Macroscelidea ont souvent une forme d'organisation sociale de vie en couple, mais ils ne devraient pas être décrits comme un ordre monogame, car peu ou pas de preuves soutiennent cette désignation. Par ailleurs, les données répertoriées dans la littérature primaire ont montré que la plupart des espèces avaient une organisation sociale variable avec une majorité d'individus vivant en couple.

Laboratoire CNRS impliqué:
Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC - CNRS / Université de Strasbourg)

Référence:
Olivier, C.-A., Jaeggi, A. V., Hayes, L. D., & Schradin, C. Revisiting the components of Macroscelidea social systems: Evidence for variable social organization, including pair-living, but not for a monogamous mating system. Ethology, (2022); 00, 1-12. Doi: 10.1111/eth.13271.
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