Quoi de neuf dans le stockage de l'énergie ?

En juin s'est tenue la conférence 2011 de l'Electricity Storage Association en Californie. Au terme d'un programme dense et intéressant ; Chris Shelton, le président entrant de l'association organisatrice et par ailleurs président d'AES Energy Storage, a synthétisé les points forts de la rencontre.

La visibilité

Tout d'abord, Shelton observe un fort optimisme dans le secteur du stockage d'électricité, qui est en pleine expansion. La même conférence il y a 10 ans ne rassemblait que quelques dizaines de personnes! En contraste, aujourd'hui de nombreux projets de démonstration sont déployés, notamment grâce au gouvernement fédéral qui joue un rôle important, par exemple avec les financements de projets accordés par son agence dédiée à la recherche avancée en énergie ou à travers le plan de relance de l'économie américaine. De plus, comme l'a fait ressortir la table ronde avec les capital-risqueurs, l'industrie se lance et a énormément gagné en visibilité.

Cependant, le président pense que cette phase quelque peu euphorique risque d'être suivie d'une période plus difficile. En se référant au "hype cycle", en illustration ci-dessous, il lui semble que l'industrie du stockage a atteint son maximum de visibilité et pourrait bientôt affronter la phase de "désillusion". En effet, à l'inverse des batteries de petite taille utilisées dans les composants électroniques de tous les jours, le stockage stationnaire n'a pas accès au consommateur final. Or, le marché des systèmes de production d'électricité n'est pas très dynamique et l'environnement réglementaire est plus contraignant que celui de la grande consommation.


Shelton a poursuivi en relevant quelques unes des idées qui l'ont marqué lors de l'événement:

La "valeur"

A plusieurs reprises, des intervenants ont souligné l'importance de démontrer la "valeur" du stockage, dont les électriciens ne prennent pas assez la mesure. Pour des raisons historiques, l'industrie électrique est divisée en quatre piliers (production, transmission, distribution, consommation), qui ont chacun leur règles de fonctionnement. Le stockage s'intègre de façon transversale, ce qui est une force mais aussi un défi car il n'existe en conséquence pas de classification pour ce type de service actuellement.

Certes, le stockage procure certains des usages de chacun des piliers ce qui permet d'éviter des coûts d'investissement, mais il possède également des bénéfices uniques qui doivent être reconnus. Le temps de réaction très rapide des batteries dans le cas du réglage de fréquence en est un exemple (lire notre article de la semaine dernière sur le sujet).

L'écosystème

Un robuste écosystème de fournisseurs existe et de nouvelles technologies arrivent au stade de maturité. Le gouvernement et les acteurs du capital risque se sont pleinement investis dans les premiers projets. Dorénavant, le secteur a besoin de structures et de capitaux pour financer un déploiement plus large.

Les outils de modélisation

Pour la première fois, des cabinets de conseil ont développé des modèles dédiés au stockage de l'énergie (notamment le tout nouveau modèle de KEMA). Ceci est sûrement un signe que l'industrie est sur une bonne piste!

Enfin, le nouveau président a conclu en citant l'exposé d'un des intervenants, la compagnie japonaise NGK. Au Japon, 250 MW de batteries sont installés dont 230 MW à l'est du pays.

Lors du tremblement de terre récent qui a frappé le pays, les systèmes se situant dans la zone de panne d'électricité ont arrêté de charger et de se décharger. Ceux qui étaient équipés d'une fonction d'urgence ont démarré l'îlotage (réseau isolé) peu après le début de la panne. Puis, la grande majorité des batteries a pu être remise en marche dès la reconnexion au réseau. Après quelques délais et vérifications, l'ensemble du parc a été rétabli. Shelton y voit une preuve que la technologie du stockage d'électricité peut résister à des événements extrêmes et même apporter son soutien dans les situations dramatiques.