Pollution intra-utérine causée par le chlore de l'eau potable

Publié par Adrien,
Source: Jean Hamann - Université LavalAutres langues:
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Certains contaminants produits par la chloration de l'eau pourraient entraver la croissance des foetus.

Une exposition élevée aux sous-produits de désinfection (SPD) de l'eau pourrait augmenter le risque d'avoir un bébé de petit poids. C'est ce que conclut une équipe de la Faculté de médecine et du Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) de l'Université Laval qui a étudié les effets de l'exposition aux SPD chez près de 2500 femmes enceintes de la région de Québec. L'étude, qui vient d'être publiée par la revue Epidemiology, ne permet pas de recommander une révision à la baisse des normes touchant les SPD, mais elle suggère fortement de documenter davantage les effets à court terme de ces contaminants sur le foetus.

Les deux principaux groupes de SPD sont les trihalométhanes et les acides haloacétiques (AHA). Ils se forment dans les réseaux de distribution d'eau potable lorsque le chlore réagit avec la matière organique présente à l'état naturel dans l'eau. En concentrations élevées, les SPD sont soupçonnés d'accroître les risques de certains cancers. Ils pourraient aussi interférer avec le développement du foetus, mais les études antérieures menées sur la question n'ont pas livré de résultats concluants.

Patrick Levallois, Suzanne Gingras et Sylvie Marcoux (Faculté de médecine et Institut national de santé publique du Québec), Christelle Legay et Manuel Rodriguez (CRAD) ainsi que Cyril Catto et Robert Tardif (Université de Montréal) ont tenté de tirer la question au clair. Les chercheurs ont comparé l'exposition aux SPD de femmes qui ont eu un bébé de petits poids (sous le 10e percentile) à celle de femmes ayant eu un bébé plus lourd (10e percentile ou plus). L'âge gestationnel des poupons était pris en compte dans les analyses afin d'annuler l'effet des naissances avant terme.

À l'aide de renseignements fournis par les participantes et d'une analyse détaillée de la concentration des SPD en différents points du réseau de distribution d'eau potable de la ville de Québec à différents moments de l'année, les chercheurs ont estimé la quantité de SPD ingérée par chaque participante dans le dernier trimestre de sa grossesse. Ils ont aussi estimé la quantité de ces contaminants absorbée par la peau ou inhalée par les poumons à partir de la fréquence et de la durée des bains et des douches. Résultat? Une exposition élevée aux AHA (correspondant au quartile supérieur) augmente le risque d'avoir un bébé de petit poids d'environ 50 %. De plus, une exposition aux SPD qui dépasse les normes actuelles augmente le risque d'avoir un bébé de petit poids de 40 %. L'ingestion d'eau potable représente la principale source d'exposition aux SPD, les bains et des douches ayant une contribution marginale.

"Les normes actuelles sur les SPD ont été établies à partir d'études toxicologiques portant sur le risque de cancer chez des animaux, précise Manuel Rodriguez. Elles visent l'atteinte d'une moyenne annuelle dans le réseau de distribution et ne tiennent pas compte de l'effet ponctuel des pics de concentration de SPD pendant une période où le foetus est plus vulnérable." À Québec, les concentrations de ces contaminants dans l'eau potable sont maximales en juillet et août et elles peuvent connaître des poussées à d'autres moments de l'année. "Notre étude ne permet pas de recommander une révision de ces normes. Elle suggère toutefois qu'il faudrait établir des valeurs limites pour les pics de concentration des SPD et mieux documenter les effets ponctuels de ces produits sur la reproduction", conclut le chercheur.
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