Depuis plusieurs années, les chercheurs étudient la voie de signalisation cellulaire Akt qui est une cible privilégiée des thérapeutiques pour lutter contre le cancer du sein. Akt et les protéines associées sont présentes naturellement dans les cellules et régulent des mécanismes fondamentaux tels que la durée de vie, la prolifération ou la migration en relayant les messages de l'extérieur vers l'intérieur de la cellule.
En 2005, les scientifiques ont découvert qu'il existait plusieurs formes de Akt et ils ont paradoxalement montré que Akt1 pouvait inhiber la mobilité des cellules cancéreuses du sein alors que Akt2 favorisait la migration de celles-ci. Aussi, l'étude de ses protéines dans un modèle de cancer du sein chez la souris a montré que le blocage de la voie Akt induisait une augmentation des métastases dans le poumon. Les métastases sont des cellules cancéreuses retrouvées à distance du site initialement atteint. En sachant que les médicaments utilisés dans les cancers du sein bloquent en partie la voie Akt, de nouvelles études ont besoin d'être menées pour savoir si ces thérapies n'induisent pas concomitamment les processus métastatiques.
Des scientifiques du Beth Israel Deaconess Medical Center se sont penchés sur cette question et ont découvert le rôle crucial joué par une protéine, la palladin, sur la régulation de la mobilité des cellules tumorales dans le cancer du sein. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Molecular Cell du 14 mai 2010. La palladin est une protéine architecturale découverte en 2000 qui a comme fonction de participer à l'organisation du cytosquelette et d'inhiber la migration des cellules. Les chercheurs ont utilisé des techniques d'étude des protéines associées à des analyses de lignées cancéreuses pour montrer que la palladin est une des cibles des protéines Akt. Akt1 régule la palladin d'une manière exclusive en bloquant la mobilité de la cellule. Cependant, lors de la perte de la palladin, la cellule est désorganisée et voit ses capacités de migration augmentées vers d'autres tissus proches, tel que le poumon. Ce mécanisme est à l'origine du phénomène métastatique. Depuis le milieu des années 1990, les chercheurs ont observé qu'il existait plus de 100 cibles des protéines de la famille Akt mais seulement quelques unes sont spécifiques de Akt1 ou de Akt2. Ces données renforcent l'importance de la découverte de nouvelles cibles spécifiques des protéines Akt dans le but de mieux comprendre les phénomènes de mobilité cellulaire dans le cadre des cancers ainsi que d'améliorer les traitements.