Qu'est-ce qui a bien pu creuser ces tunnels il y a plusieurs millions d'années ? ⛏️

Publié par Cédric,
Auteur de l'article: Cédric DEPOND
Source: Geomicrobiology Journal
Autres langues: EN, DE, ES, PT
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Dans les déserts brûlants de Namibie, d'Oman et d'Arabie saoudite, des scientifiques ont découvert des structures intrigantes dans le marbre et le calcaire. Ces tunnels microscopiques, parfaitement alignés, pourraient être l'œuvre d'une forme de vie microbienne encore inconnue.

Cette découverte, publiée dans la revue Geomicrobiology Journal, ouvre de nouvelles perspectives sur la capacité de la vie à s'adapter aux environnements extrêmes. Les chercheurs, dirigés par le professeur Cees Passchier de l'Université Johannes Gutenberg de Mayence, ont identifié ces structures lors de travaux de terrain en Namibie. Ces tunnels, vieux de plusieurs millions d'années, pourraient révéler des interactions biologiques insoupçonnées entre les microbes et les roches.


A) Spécimen libre présentant une forte densité de micro-terriers (moitié supérieure), partiellement remplis de dépôts blancs.
B) Deux bandes in situ de micro-terriers à faible densité, remplis de matière blanche partant d'une couche blanche.
C) Surface fraîchement coupée montrant une bande bien développée et deux bandes moins marquées de micro-terriers à faible densité partant d'une couche blanche.
D) Fragment libre avec des bandes ramifiées de micro-terriers à faible densité. Sa face inférieure est recouverte d'une couche d'endostromatolites.
E) Bandes de micro-terriers le long de fractures dans du marbre noir, Arabie saoudite.
F) Deux bandes de micro-terriers de différentes orientations, mais avec des micro-terriers parallèles, dans un échantillon fraîchement coupé.


Des structures qui mettent à l'épreuve les explications géologiques


Les tunnels découverts présentent des caractéristiques qui les distinguent clairement des processus géologiques classiques. D'un diamètre inférieur à un demi-millimètre, ces micro-tunnels s'étendent sur plusieurs centimètres et forment des bandes parallèles pouvant atteindre dix mètres de long. Leur organisation précise et leur régularité suggèrent une origine biologique, contrairement aux formations aléatoires créées par l'érosion ou les forces tectoniques. Ces structures, observées pour la première fois il y a 15 ans, ont depuis été identifiées dans plusieurs régions désertiques, indiquant un phénomène répandu.

À l'intérieur de ces tunnels, les scientifiques ont identifié une fine poudre de carbonate de calcium, un résidu probable de l'activité microbienne. Cette poudre, composée principalement de calcite, indique que les microorganismes ont extrait des nutriments du marbre et du calcaire, laissant derrière eux ce matériau finement broyé. Les chercheurs supposent que ces organismes ont utilisé le carbonate de calcium comme source d'énergie, une hypothèse étayée par la présence de traces biologiques dans les échantillons. Cependant, aucune preuve directe, comme de l'ADN ou des protéines, n'a pu être extraite pour confirmer leur identité.

Ces tunnels ne ressemblent à aucune formation géologique connue. Leur alignement parallèle et leur distribution en bandes suggèrent une activité organisée, typique d'un processus biologique. Les scientifiques ont également noté la présence de croûtes de calcrete autour des tunnels, ajoutant une couche de complexité à leur formation. Ces caractéristiques uniques soulèvent des questions sur les mécanismes biologiques à l'œuvre et sur la nature des microorganismes responsables.

Une énigme biologique vieille de millions d'années


Les tunnels découverts dans ces roches datent d'une époque où le climat des déserts actuels était plus humide, il y a environ un à deux millions d'années. Les chercheurs estiment que ces structures se sont formées dans des conditions plus propices à la vie microbienne, bien différentes de l'aridité actuelle. Cependant, l'identité des microorganismes responsables reste inconnue, et aucune trace d'ADN ou de protéines n'a pu être extraite des échantillons. Ces tunnels, profondément enfouis dans la roche, suggèrent que ces organismes ont survécu sans lumière, dans un environnement extrêmement hostile.

La présence de matériel biologique dans les tunnels confirme l'hypothèse d'une activité microbienne, mais les scientifiques ignorent s'il s'agit d'une espèce encore existante ou éteinte. Ces organismes, capables de survivre sans lumière, pourraient appartenir à une lignée microbienne encore non répertoriée. Leur capacité à interagir avec les roches et à extraire des nutriments dans des conditions extrêmes en fait un sujet d'étude pour les biologistes et les géologues. Les chercheurs espèrent que des analyses plus poussées permettront d'identifier les mécanismes biologiques à l'origine de ces tunnels.

Ces découvertes pourraient également éclairer notre compréhension des écosystèmes anciens et de leur évolution. Les scientifiques soulignent que ces microorganismes pourraient avoir joué un rôle dans la transformation des roches carbonatées, influençant ainsi le cycle du carbone à l'échelle locale, voire globale. Bien que leur impact exact reste à quantifier, ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives sur les interactions entre la vie microbienne et les processus géologiques.
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