Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la production du savoir (recherche), sa conservation et sa transmission (études supérieures). Aux États-Unis, au moment où les universités de ce pays commençaient leur ascension qui devait les mener au niveau qu'elles ont actuellement, Peirce, un philosophe américain, a défini en 1891 l'université comme « une association d’hommes […] dotée et privilégiée par l’État, en sorte que le peuple puisse recevoir une formation (guidance) intellectuelle et que les problèmes théoriques qui surgissent au cours du développement de la civilisation puissent être résolus ».
L'entrée à l'université est généralement restreinte à ceux qui ont préalablement un diplôme d'enseignement secondaire. Le nombre d'étudiants dans les universités du monde est monté en flèche pendant tout le vingtième siècle, spécialement depuis la seconde guerre mondiale. De nos jours un bon fonctionnement des universités et plus généralement de l'enseignement supérieur est considéré comme un atout économique. Aussi, les grands pays européens, pour soutenir la compétition internationale, se sont-ils lancés depuis une dizaine d'année dans un mouvement de réflexion et de réforme de leurs universités.
Avant de parler de l'histoire des universités, il faut rappeler, que le terme « université » est issu des civilisations occidentales qui le créèrent à partir du XIe siècle pour désigner une organisation regroupant l'universalité des collèges d'étudiants. Les académies Grecques tel que Académie de Platon ou d'autres organisations d'enseignements supérieurs en Chine tel que l'Université de Nankin, en Inde avec l'Université de Nalanda, en Iran avec l'Académie de Gundishapur, au Japon avec l'Ashikaga gakkō, en Ifriqiya avec la médersa de la Zitouna ont précédé l'apparition des universités occidentales de parfois près d'un millénaire. Cependant, ces différentes organisations ne revendiquaient pas la compilation et l'élaboration de l'ensemble des savoirs, ce qui les distinguait alors de l'université.
En Europe, c'est à Bologne en 1088, qu'est fondée la première université. Elle ne compile encore que la somme des connaissances juridiques de l'époque. En 1150 les étudiants des différents communauté de tous (universitas) les collèges de la rive gauche de Paris sont regroupés au sein de l'Université de Paris. Les étudiants anglais chassés de Paris en 1166 fondent l'Université d'Oxford. En 1289, la bulle papale Quia Sapientia du pape Nicolas IV instaure la première faculté de médecine à Montpellier, où l'enseignement de la médecine était attesté déjà en 1150. Au XIIIe siècle, les disciplines enseignées s'organisent autour des « quatre facultés » que sont les arts, la médecine, le droit et la théologie. A cette époque les universités contribuent au renouveau des savoirs, qui sont étroitement liés à l'église catholique. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que la théologie et le droit canon se taillent la part du lion. Les étudiants viennent parfois de loin pour recevoir les enseignements universitaires. Les « arts mécaniques » et les « sciences lucratives » ne sont pas abordées, victimes du mépris du travail manuel et du profit pécuniaire que les nobles et le clergé affichaient à l'époque. L'enseignement reposait sur des textes de référence (« autorités »). La pédagogie consistait en la lectio (lecture) et la disputatio (« dispute »), sorte de débat contradictoire reposant essentiellement sur le syllogisme. Les universités se dotent rapidement de bibliothèques pour pallier la rareté des exemplaires disponibles pour les lectures.
À partir du XVe siècle de nouvelles universités sont créées, à un rythme soutenu, en Europe, mais aussi en Amérique latine puis en Amérique du Nord. Les particularismes religieux qui apparaissent en Europe (église anglicane, protestantismes) impactent les disciplines enseignées ainsi que les modalités d'enseignements. De plus les structures politiques nationales, en France, en Allemagne ou en Angleterre par exemple, prennent progressivement le contrôle des universités, qui y perdent alors en autonomie (au moins par rapport à l'état). Ces évolutions signent la fin de la peregrinatio academica et réduit « l’éventail social » des étudiants au sein des universités.
Aussi, il n'est pas surprenant qu'en pleine Renaissance, les institutions universitaires soient largement contestées et critiquées, tant sur leurs fonctionnements que sur leurs rôles. Le Siècle des Lumières soulève la question de l'utilité des enseignements dispensés. Il s'agit de savoir si l'université a pour ambition de produire des compétences profitables à tous ou si elle doit assurer aux titulaires des diplômes dispensés un rang social élevé. On regrette le manque d'assiduité des étudiants autant que des professeurs ; on suspecte la qualité et la valeur des diplômes délivrés; on constate la fraude et la complaisance...
Les courants libéraux qui parcourent l'Europe entraînent de profondes réformes. Lors de la révolution française, l'abolition des universités de l’Ancien Régime, entraînera pour un temps la fermeture des universités. La domination napoléonienne sur une large partie du vieux continent aura de profondes conséquences sur les universités occidentales. « L'empire » suscite un regain d'intérêt pour les sciences et les technologies, encore mal représentées dans les universités. Ainsi sont créées les grandes écoles (École polytechnique, ou l’École normale supérieure en France). Parallèlement, l'empereur réorganise le système universitaire et nomme explicitement les Professeurs. Le morcellement des connaissances, dispensées au sein d'écoles distinctes, sera parfois perçu comme une impasse dans laquelle la France s'engage alors...
C'est aussi à cette époque que commence (notamment en Allemagne) l'enseignement de disciplines nouvelles, comme la philologie, les mathématiques et la physique. L'Allemagne par le biais de l'Université de Berlin fondée par Wilhelm von Humboldt promeut un nouveau modèle pour l'université: un modèle où elle n'est plus pensée comme la division d'une philosophie en domaines spécialisés, mais comme la collection universelle des connaissances et des recherches.
Aux États-Unis aussi le système universitaire se réinvente et devient profondément différent de celui hérité du temps des colonies anglaises. Le développement rapide du pays et l'importante immigration supportent un enseignement supérieur de masse dynamique et hétérogène. Sans que ce soit explicite, il suivra pour l'essentiel le modèle allemand, en pensant l'université comme le lieu de la confrontation de tous les savoirs.
En Europe par contre, les inégalités sociales autant que les contenus enseignés continuent à modeler le système universitaire, qui par ailleurs reste très concentré sur quelques structures prestigieuses. En France, 43% des étudiants restent concentrés à Paris en 1914. En Angleterre Oxford et Cambridge restent prédominantes jusqu'au milieu du XXe siècle. En Allemagne, l'arrivée de pouvoirs autoritaires provoque une crise grave du « modèle allemand ». Dans la « mise au pas de l’enseignement supérieur par le régime nazi », un tiers du corps enseignant est touché par l’épuration, qui s’en va renforcer notamment les universités américaines, et beaucoup de ceux qui restent perdent honneur et probité.
C'est aussi au XXe siècle que le modèle de l'enseignement supérieur au sein d'universités se généralise partout dans le monde (en Asie, en Afrique). A la fin de la seconde guerre mondiale, le développement universitaire est perçu comme l'un des principaux critères du rayonnement politique, économique et culturel des pays civilisés (notamment durant la guerre froide). A l'aube du XXIe siècle il est considéré par les économistes comme un indicateur de référence pour la stabilité économique d'un pays.
L'article 13 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels adopté à New York le 16 décembre 1966 par l'Assemblée générale des Nations unies stipule que : « L'enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés et notamment par l'instauration progressive de la gratuité ».