🍖 Ils mangeaient leurs voisins, sans nécessité

Publié par Adrien,
Source: Scientific Reports
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Il y a plus de 5 000 ans, durant la période néolithique, des communautés humaines ont laissé derrière elles des indices troublants sur leurs pratiques alimentaires. Des ossements découverts dans une grotte espagnole révèlent des traces de découpe et de consommation humaine, ouvrant une fenêtre sur un aspect méconnu de notre passé.

Les chercheurs, dirigés par Francesc Marginedas de l'Institut catalan de paléoécologie humaine et d'évolution sociale, ont examiné plus de 600 fragments osseux provenant de 11 squelettes bien conservés, incluant des adultes, des adolescents et des enfants. Ces restes, datant d'environ 5 700 ans, ont été mis au jour dans la grotte d'El Mirador, située dans les montagnes d'Atapuerca en Espagne. L'étude approfondie de ces ossements a permis d'identifier des marques de boucherie et des signes de cuisson, indiquant une manipulation systématique des corps après la mort.


Spécimens utilisés pour estimer l'âge au décès.
Crédit: Scientific Reports (2025).

L'analyse microscopique a montré que tous les os présentaient des entailles et des coupures, caractéristiques d'un dépeçage et d'une séparation des membres. Certains os présentaient une translucidité et des bords légèrement arrondis, suggérant qu'ils avaient été bouillis pour en extraire la moelle ou faciliter la consommation. Ces pratiques, réalisées après le décès, indiquent un processus organisé et non accidentel, remettant en question les motivations derrière ces actes.

Les scientifiques ont écarté l'hypothèse d'une survie en situation de famine, car aucune preuve de pénurie alimentaire n'a été trouvée dans la région à cette époque. De plus, il ne s'agissait probablement pas de rites funéraires, car aucune pratique similaire n'a été documentée ailleurs. Les ossements semblent appartenir à une famille ou à un groupe étendu, et les chercheurs pensent qu'ils ont été victimes d'un événement violent perpétré par un groupe voisin, lié à des conflits intercommunautaires.

Cette découverte s'inscrit dans un contexte plus large de violence durant le néolithique, avec des preuves similaires trouvées en France et en Allemagne. Elle contribue à nuancer l'image idyllique de cette période souvent perçue comme une ère de paix et de développement agricole, révélant plutôt des tensions et des brutalités cachées.


Spécimens avec marques de coupure. Marques de coupure (flèche blanche) sur des restes humains des contextes S100 et S200.
Crédit: Scientific Reports (2025).

La grotte d'El Mirador continue de livrer des secrets, avec des découvertes antérieures incluant des crânes cérémoniels et d'autres indices de cannibalisme à l'âge du bronze. Ces travaux, publiés dans Scientific Reports, enrichissent notre compréhension des dynamiques sociales complexes de nos ancêtres et soulèvent de nouvelles questions sur l'évolution des comportements humains.

Le cannibalisme dans l'histoire humaine


Le cannibalisme, ou anthropophagie, désigne la consommation de chair humaine par des êtres humains. Cette pratique a été documentée à diverses époques et dans différentes cultures, souvent associée à des contextes ritualistes, de survie extrême ou de conflits.

Durant la préhistoire, les preuves archéologiques montrent que le cannibalisme pouvait servir à des fins nutritionnelles lors de famines, mais aussi comme acte symbolique dans des cérémonies ou pour marquer une domination sur des ennemis. Les traces sur les os, comme les marques de découpe, aident les chercheurs à distinguer ces motivations.

Dans le cas de l'étude sur El Mirador, l'absence de signes de famine et la nature systématique des manipulations indiquent que le cannibalisme était probablement lié à la violence intergroupe plutôt qu'à la nécessité.

Aujourd'hui, le cannibalisme est extrêmement rare et généralement condamné, mais son étude permet de mieux comprendre l'évolution des normes culturelles et des comportements humains face à l'adversité.

Les méthodes d'analyse en archéologie


L'archéologie utilise diverses techniques pour étudier les restes humains anciens et interpréter les pratiques passées. L'analyse microscopique, par exemple, permet d'examiner les détails fins sur les os, tels que les entailles ou les altérations dues à la cuisson.

Les marques de boucherie, souvent comparées à celles laissées sur des animaux, aident à identifier les outils utilisés et les techniques de découpe. La translucidité des os, observée dans cette étude, indique une exposition à la chaleur, probablement par ébullition, ce qui modifie la structure osseuse et facilite l'extraction de la moelle.

La datation au carbone 14 et d'autres méthodes de chronologie absolue permettent de situer les événements dans le temps, tandis que l'étude du contexte archéologique, comme la présence d'autres artefacts, aide à reconstituer le mode de vie des populations.

Ces approches combinées offrent une vision plus précise des comportements humains, même lorsqu'il s'agit de pratiques taboues comme le cannibalisme, et contribuent à une interprétation plus nuancée de l'histoire.
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