Rétro 1902: La terreur des femmes nerveuses (3/3)

Publié par Michel,
Source et illustrations: Almanach Hachette 1902Autres langues:
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Suite et fin de la petite étude biologique du siècle dernier dans la news rétro de ce dimanche.

Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1902, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.


... Et le démon lui donna l'araignée (V.HUGO)

Dans son épique fable de la Légende des Siècles, Victor Hugo attribue à l'esprit du mal la création de l'araignée. Dieu, il est vrai, prend sa revanche en faisant du monstre une maquette d'où il tirera le Soleil. Mais c'est là un des jeux familiers au génie antithétique du grand poète ; l'araignée ne méritait certes "ni cet excès d'honneur, ni cette indignité" ; elle est laide assurément, et, comme la plupart des êtres, féroce dès qu'il d'agit de se nourrir, mais elle n'est point au fond plus méchante ni plus affreuse que beaucoup d'insectes, voire que certains vertébrés. Elle ne possède pas davantage la splendeur de l'Astre-roi, et cependant elle collabore pour son humble part à l'harmonie de l'Univers ; elle joue sur cette terre un rôle à coup sûr modeste mais parfaitement honorable et utile la plupart du temps. L'Araignée n'est disgraciée qu'en apparence, sous le masque odieux se cache le plus original et peut-être le plus industrieux des animaux.



Différentes araignées


- L'Epeire: araignée des jardins

L'araignée diadème ou porte-croix commune, appelée plus scientifiquement l'Epeire, tend sa toile dans les jardins. Son piège consiste en un vaste réseau de fils concentriques et rayonnants tendus verticalement entre deux branches. L'araignée se tient au milieu de sa toile, immobile, la tête en bas, à l'affût. Quelquefois elle se cache dans le voisinage, blottie sous les feuilles ; mais elle reste reliée au centre de sa toile par des fils avertisseurs ; et malheur à l'insecte étourdi qui vient se prendre en ses filets !

- L'araignée domestique

La Tégénaire domestique, notre araignée commune, qui recherche les coins sombres des habitations, accroche sa toile dans l'angle de deux murs. La toile ici se compose de deux partie: un plancher horizontal, très visible parce qu'il est toujours chargé de poussière ; c'est le piège proprement dit ; et un couloir de dégagement, placé dans l'angle, qui sert à la fois pour l'affût et pour la retraite en cas d'alerte.

- Le Théridion bienfaisant

Le Théridion qui a reçu le surnom de "bienfaisant" parce qu'il protège nos raisins des moucherons pillards tend son piège dans les feuilles: il dispose entre deux feuilles tout un système de fils ténus, où les insectes s'empêtrent et s'engluent.

- L'araignée volante

Quelques araignées qui dédaignent la chasse au filet poursuivent les insectes pour ainsi dire au vol et à la course. Ce sont les plus agiles des araignées. On les voit bondir, sautiller et parfois même s'en aller librement dans les airs.

- Une araignée sauteuse

Le Saltique arlequin, ou araignée sauteuse, a reçu son nom d'arlequin à cause de ses allures fantasque. Elle exécute les bonds les plus prodigieux lorsqu'elle guette et poursuit sa proie. Clown, non, mais gymnaste ; car elle lance devant elle un fil de soie imperceptible, sur lequel elle exécute ses tours d'acrobate.

- L'araignée en ballon

A défaut d'ailes comme les insectes, les Thomises se servent de leur fil comme d'un ballon ou d'un parachute. L'araignée flotte suspendue au bout d'un fil de soie emporté par les vents. Ainsi naissent les fils merveilleux, Fils de la Vierge, Fils d'Automne, qui couvrent partout les champs lorsqu'à l'automne, la Thomise voyageuse émigre en masse pour chercher ses quartiers d'hiver ou changer ses terrains de chasse.

- L'araignée plongeuse: l'Argyronète

Après le ballon, c'est la cloche à plongeur qui témoigne le mieux de l'industrie de l'araignée. L'Argyronète trouve sa nourriture au fond des eaux. Elle file une coque de soie, l'ancre aux herbes aquatiques, l'emplit d'air bulle à bulle par des voyages répétés à la surface et s'installe comme la fée des eaux dans ce palais qu'on dirait de cristal. Avant de s'enfermer l'Argyronète a eu la précaution d'établir autour de sa demeure aquatique tout un système de lignes entrecroisées où les petits animaux se prennent et se livrent au pêcheur qui les guette.




Terriers d'araignées


Les grosses araignées, les Mygales, les Tarentules, de petits monstres en leur genre, gros, féroces, robustes et velus, n'ont ni filets, ni cloche, ni ballon. Habitantes des pays chauds, elles sont nocturnes et souterraines. Elles restent tout le jour paresseusement enfouies dans leur terrier bien capitonné de soie, et n'en sortent que la nuit pour l'affût et la chasse.


Le terrier de la Mygale blondi est une sorte de boyau, long de 0,63m, qui s'enfonce obliquement dans le sol. Celui de la Mygale pionnière est pareil mais fermé d'une véritable porte à charnière. Lorsqu'on tente d'ouvrir cette porte, on s'aperçoit que l'araignée la retient en dedans avec ses pattes, et rien ne saurait lui faire lâcher prise.

La Némésie ajoute au premier boyau, un second couloir de dégagement que ferme une porte intérieure.

La lycose tarentule qui a donné lieu à tant de fables, a un terrier coudé: il est formé de deux tubes verticaux, reliés par un couloir oblique, où l'araignée se poste à l'affût. L'orifice extérieur est protégé par une sorte de mur circulaire, haut de quelques centimètres, à peu près disposé comme la margelle d'un puits.



L'araignée est calomniée


La laideur de l'araignée, son caractère même prudent, soupçonneux et disons-le aussi, ses mœurs de bandit nocturne ne plaident guère en sa faveur: et cependant la ressource industrieuse dont elle fait montre devrait lui mériter moins de mépris.


La chasse qu'elle fait, elle la fait aux insectes nuisibles: à ceux-là mêmes, moucherons et bestioles qui nous incommodent le plus. Elle nettoie nos jardins, nos écuries et nos étables, elle prend dans ses filets les petites mouches avides du sang de nos bêtes et qui leur inoculent les plus redoutables poisons.

Peu sociable sans doute, mais bonne mère, l'araignée prend soin de ses œufs, les place douillettement des cocons de soie, les couvre ou les porte sur elle. Surprise, elle ne les abandonne pas et fait l'impossible pour recouvrer le cher trésor. Elle est modeste et travailleuse. Comme consciente du dégoût qu'elle inspire elle est prudente et timide à l'excès.

Prudence et travail. C'est pour cela que Salomon la donnait en exemple aux gens de sa cour, comme l'image du zèle, de l'adresse, de la sagesse de la retenue et de la vertu.


On a parlé aussi des morsures de l'araignée: mortelles aux insectes, elles sont pour nous presque inoffensives. La Mygale même, la grosse Mygale des tropiques, ne peut être funeste qu'aux plus petits des oiseaux, les Colibris, et encore !



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