La news rétro de ce dimanche évoque certains aspects des connaissances astronomiques du début des années 1930.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1932, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes ou erreurs d'époque.
Le système sidéral n'offre rien de plus formidable que les nébuleuses, ces groupes de mondes dont le nombre et l'énormité confondent l'imagination.
Qu'est-ce que les Nébuleuses ?
Les étoiles ne sont pas les seules formations lumineuses qu'il soit possible d'admirer dans le ciel. Cà et là, on y aperçoit aussi, à l'œil nu ou à l'aide de lunettes, des corps de dimensions appréciables qui offrent l'aspect d'un petit nuage blanchâtre plus ou moins brillant et sont fixes, comme elles. Ce sont les nébuleuses ; on en a catalogué aujourd'hui plus de 150 000 et l'examen des photographies célestes permet de croire qu'il y en a plus d'un million.
La Nébuleuse du Cygne est partiellement globulaire. La Voie Lactée présente çà et là des apparences du même ordre
Amas d'étoiles ou formations gazeuses. – Les nébuleuses ne sont pas toutes constituées de même façon: déjà W. Herschell avait émis l'opinion que les unes sont formées d'un amas d'étoiles tellement rapprochées les unes des autres qu'elles ne laissent apercevoir qu'une lueur continue avec les instruments de faible puissance, mais se dissocient sous l'œil d'instruments plus puissants ; c'est pourquoi il leur donna le nom de nébuleuses résolubles. D'autres cependant gardaient sous un puissant télescope leur apparence nuageuse ; d'où l'astronome anglais concluait qu'elles étaient formées d'une matière diffuse assez analogue à un gaz ; et il leur donna le non d'irrésolubles.
A la suite des progrès de l'optique, il arriva que beaucoup de nébuleuses déclarées irrésolubles par Herschell furent "résolues" par des instruments meilleurs, et l'on en déduisit assez naturellement que toutes les nébuleuses devaient être des amas d'étoiles et que leur "résolution" n'était qu'une question d'instrument. C'était la théorie encore admise il y a une cinquantaine d'années ; ce n'était cependant pas l'opinion d'Herschell, qui croyait pouvoir distinguer à la différence de leur lumière les nébuleuses décidément irréductibles et les autres. Les observations ultérieures lui ont donné raison.
La photographie a démontré en effet que la lumière des nébuleuses irrésolues est beaucoup plus riche en rayons ultraviolets que celle des étoiles ; et la spectroscopie que les amas d'étoiles offrent, comme les étoiles mêmes, un spectre continu avec ou sans raies noires – les irrésolubles – montrent bien quelques raies brillantes où l'on distingue celles de l'hydrogène et de l'hélium, mais de plus dans l'ultraviolet, des raies qui ne se rapportent à aucun gaz connu (on lui a donné le nom de nebelium). Les nébuleuses restent donc bien différentes, comme l'avait dit Herschell, les irrésolubles étant de beaucoup les moins nombreuses. On n'en compte guère que 150, dont la plus remarquable est la grande nébuleuse d'Orion.
La Nébuleuse d'Orion
Forme générale: la volute spirale. – Les amas contiennent un nombre prodigieux d'étoiles: des dizaines de mille, sans compter celles qu'on ne voit pas. Quant à leur forme, c'est celle de la volute en spirale qui domine, à tel point qu'on peut la considérer comme normale au moins pour les grands amas. La nébuleuse des Chiens de Chasse, d'abord crue annulaire, s'est révélée spirale sous de plus puissants instruments ; spirale la nébuleuse de la Vierge ; spirales le plus grand nombre. Les nébuleuses dites globulaires et les nuées de Magellan, et la Voie Lactée elle-même présentent çà et là des apparences du même ordre et dont l'avenir fera sans doute des réalités.
Leur rotation. – D'après l'astronome Van Maanen, de l'Observatoire du Mont Wilson, la nébuleuse spirale tourne autour de son centre, l'extrémité des spires en avant, à la vitesse d'un tour en 85 000 ans ; quant à la vitesse des étoiles dans cette rotation, il l'estime à 300 km par seconde.
Leur situation. – Les nébuleuses ne sont pas répandues uniformément dans le ciel. Les nébuleuses gazeuses et un certain nombre d'amas, les moins importants, font partie de la Voie Lactée, au sein de laquelle se trouvent aussi la totalité des belles étoiles et le Soleil, avec son cortège de planètes. En dehors d'elle, à des distances variables, et souvent incommensurables, les nébuleuses spirales, qui constituent, pour ainsi dire, autant de voies lactées étrangères à la nôtre, autant d'univers séparés.
"Si l'on réfléchit, dit M. Fouché, dans Le Ciel, que l'on a évalué le nombre de nébuleuses spirales à plus d'un million, quelle idée grandiose ne se fera-t-on pas de l'immensité des cieux ? Et quelle variété ne peut-on imaginer dans les phénomènes qui s'accomplissent à la surface des planètes qui, sans doute, accompagnent ces millions de millions de soleils ?"