Marie-Christine Saint-Jacques, professeur à l'École de service social: "Il existe des gens qui vivent beaucoup de difficultés et qui demeurent ensemble".
La façon de réagir aux problèmes aurait plus d'influence sur la stabilité des familles recomposées que la nature des difficultés rencontrées.
Si le taux de séparation chez les familles recomposées est plus élevé que chez celles qui en sont à leur première union, il n'en demeure pas moins que certaines familles recomposées durent, tandis que d'autres se séparent. Selon les résultats d'une étude dirigée par Marie-Christine Saint-Jacques, professeur à l'École de service social, ce n'est pas tant la nature des difficultés rencontrées que la façon d'y réagir qui aurait une influence décisive sur la stabilité des familles recomposées. "On pourrait penser que des familles qui se séparent font face à des difficultés plus grandes que chez celles qui se maintiennent, explique cette spécialiste en séparation et recomposition parentales. Pourtant, il existe des gens qui vivent beaucoup de difficultés et qui demeurent ensemble."
Des stratégies adaptées
Aux fins de cette recherche dont les résultats ont paru récemment dans la revue
Family Relations, 57 adultes vivant à Québec ont été interrogés: 31 parents et beaux-parents vivant au sein d'une famille recomposée depuis au moins 5 ans et 26 adultes ayant vécu une recomposition, mais dont l'union s'était soldée par une séparation. Si les répondants qui avaient fini par se séparer semblaient connaître un plus grand
nombre de difficultés (financières, violence conjugale,
toxicomanie du conjoint, enfants avec problèmes de comportement), le
poids des problèmes n'expliquait cependant pas
tout. "La majorité des couples qui étaient encore ensemble avait adapté leurs stratégies aux problèmes rencontrés, explique Marie-Christine Saint-Jacques. Quand une
stratégie s'avérait inefficace, ils se réorientaient rapidement pour arriver à une solution."
D'autres éléments entraient en ligne de compte chez les couples à la tête de ces familles recomposées, comme de bonnes habiletés à communiquer, le respect de l'autre, le sens de l'humour et, surtout, le désir que l'union fonctionne. À l'inverse, le fait de ne pas croire aux relations conjugales durables ou encore de penser que les conflits ne peuvent que dégénérer influençait négativement la stabilité des familles recomposées. Par ailleurs, les chercheurs ont observé qu'une cohabitation rapide des couples après une séparation, moins de six
mois par exemple, semblait contribuer à une autre séparation. "Par exemple, un membre du couple pouvait s'apercevoir que l'autre était aux prises avec un problème de consommation, souligne Marie-Christine Saint-Jacques. Quand cela impliquait des enfants, les gens étaient moins tolérants."