Tempêtes de poussières sur l'Europe au dernier maximum glaciaire

Publié par Isabelle le 21/02/2021 à 13:00
Source: CNRS INSU
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Pendant les périodes les plus froides de la dernière période glaciaire, la fin de l'hiver et le début du printemps sont marqués par d'énormes tempêtes de poussière. Ces paléo-tempêtes, rarement égalées dans notre climat moderne, couvraient l'Europe occidentale de couches de poussière parmi les plus épaisses jamais trouvées sur Terre. En témoigne une série de nouvelles estimations obtenues dans les loess européens par Denis-Didier Rousseau, chercheur à l'École normale supérieure - PSL, avec des collègues français et chinois.


Nussloch, Allemagne. Pour obtenir des données précises, l'affleurement a été soigneusement nettoyé et la stratigraphie a été correctement lue avant que les échantillons ne soient prélevés pour datation et analyse plus approfondie. © Pierre Antoine, Laboratoire de Geographie Physique in Meudon

Dans leur étude, les chercheurs commencent par revisiter le loess de Nussloch, en Allemagne. Il se compose majoritairement de sédiments éoliens, transportés à partir de zones sèches et sans végétation, principalement de la plaine alluviale du Rhin. On y trouve également des couches, plus humifères, de paléosol. Chaque couche de la séquence étudiée montre un changement dans les conditions climatiques. Ainsi, à Nussloch, les paléosols caractérisent les périodes glaciaires au climat doux, tandis que les couches éoliennes ont été déposées pendant les périodes froides.

Les paléoclimatologues ont longtemps considéré que les paléosols se développaient au-dessus de la couche sous-jacente, par accumulation. Mais un examen attentif des loess de Nussloch a corrigé cette idée: en Europe, les paléosols se sont développés vers le bas, dans la couche sous-jacente après un arrêt de la sédimentation éolienne.

Considérant les paléosols comme intégrés aux couches éoliennes, les chercheurs ont donc réévalué les épaisseurs des dépôts. Ils ont pu alors construire de nouveaux modèles d'âge et recalculer les taux de sédimentation et d'accumulation de masse dans des séquences européennes, selon un gradient longitudinal de la Bretagne jusqu'en Ukraine, et montrer qu'au cours du dernier maximum glaciaire, l'atmosphère en Europe était plus poussiéreuse qu'en Chine. Ces nouvelles estimations correspondent à une série de simulations indépendantes de modèles climatiques. Ce résultat a donc le potentiel d'aider à comprendre les périodes de réchauffement et de refroidissement abrupts pendant les périodes glaciaires qui portent les marques des points de basculement climatique.


L'histoire en bref © TiPES/HP

En savoir plus:
How dusty was the last glacial maximum over Europe ? - Quaternary Science Reviews, Volume 254.
Denis-Didier Rousseau, Pierre Antoine, Youbin Sun
https://doi.org/10.1016/j.quascirev.2020.106775

La publication est parue alors que Denis-Didier Rousseau travaillait encore au Laboratoire de Météorologie Dynamique.

Contact:
Denis-Didier Rousseau - Géosciences Montpellier - denis-didier.rousseau at umontpellier.fr
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