Une thérapie génique pourrait soigner l'alcoolisme

Publié par Cédric,
Auteur de l'article: Cédric DEPOND
Source: Nature MedicineAutres langues:
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Alors que la consommation d'alcool cause de nombreux effets dévastateurs, peu de traitements efficaces sont connus à ce jour pour remédier aux addictions. Une équipe scientifique vient pour la première fois de tester une méthode de thérapie génique pour soigner cette addiction, avec une efficacité de 90%.


Image d'illustration Pixabay

Si la consommation d'alcool peut créer une addiction, c'est parce qu'elle génère de la dopamine dans le corps, qui vient stimuler la région du système de récompense du cerveau. Toutefois, en cas de consommation excessive et chronique, la libération de cette hormone et la sensibilité des neurorécepteurs qui lui sont dédiés se réduisent. Autrement dit, plus la consommation est récurrente et plus la sécrétion de dopamine diminue, incitant certaines personnes à boire toujours plus pour atteindre un état d'ébriété.

237 millions d'hommes et 46 millions de femmes à travers le monde, souffriraient ainsi de TUA (Troubles de l'Usage de l'Alcool). Certaines personnes arrivent à cesser d'en consommer pendant une courte période, mais ne résistent pas longtemps à la tentation. Une étude parue le 14 août dans Nature Medicine, met en exergue les résultats d'un traitement qui semble prometteur: une thérapie génique, testée sur des macaques, aurait réussi à réduire de 90% la consommation d'alcool sur des animaux ayant préalablement développé une dépendance.

Pour arriver à ce résultat, l'équipe de recherche a administré des doses croissantes d'alcool à des macaques afin de les rendre dépendants. Par la suite, les scientifiques ont injecté à ces mêmes macaques, un gène détenant une protéine nommée GDNF, qui est connue pour stimuler la production de dopamine (ce type de traitement est déjà utilisé pour traiter la maladie de Parkinson notamment). Les résultats constatés ont été très encourageants.

Avant l'injection, les singes consommaient chaque jour en moyenne l'équivalent de neuf verres d'alcool pour un humain. Suite à l'injection de ce gène, ils se sont vus imposer une période d'abstinence de 8 semaines, et ont ensuite été à nouveau autorisés à boire de l'alcool pendant 4 semaines (de l'eau leur était également proposée pour leur laisser le choix de la boisson). Puis ces étapes d'abstinence / consommation autorisée, ont été répétées cinq fois avec une durée de 4 semaines par période, pour une durée totale d'une année.

L'équipe a constaté que la première fois que l'alcool a été réintroduit, les macaques ayant bénéficié de la thérapie génique ont diminué d'eux-mêmes leur consommation d'alcool de 50% par rapport à un second groupe sur lequel aucun traitement n'a été administré. Puis à chaque période de sobriété, les singes ayant reçu cette thérapie ont continuellement réduit leur consommation. A la fin de l'expérience, leur consommation a ainsi diminué de 90% par rapport à l'autre groupe.

Cette expérimentation a malheureusement été arrêtée au bout d'un an, ce qui ne laisse pas la possibilité d'observer les effets sur le long terme, même si les premiers résultats sont très encourageants. Toutefois, il ne faut pas oublier que ce type de traitement est très lourd, et peut présenter de nombreux effets secondaires au cerveau, des réactions immunitaires graves, des infections, hémorragies, etc. Par ailleurs, son coût est trop important pour le rendre accessible à tous. Plus important encore: il n'est pas possible d'inverser les effets d'une thérapie génique. Contrairement aux traitements médicamenteux, ce procédé est irréversible.
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