Réalisé dans le cadre du projet interrégional CLAREC, un survol du littoral de la Vendée à bord d'un avion bi-moteur de type Partenavia P68 embarquant un Lidar topographique a permis de dresser une carte topographique extrêmement fine d'une partie de la Faute-sur-mer, une des communes submergées lors de la tempête Xynthia en février dernier. D'une précision altimétrique sub-décimétrique associée à une densité de points de mesure inégalée dans ce secteur côtier, ces données permettent d'estimer les risques encourus par chaque habitation en cas d'inondation.
Le réchauffement climatique en cours devrait se traduire notamment par des tempêtes plus intenses et une élévation du niveau de la mer, menaces auxquelles les zones côtières sont particulièrement exposées. Or les caractéristiques physiques de ces milieux sont encore mal connues, notamment leur topographie précise, des données indispensables si l'on veut faire des prévisions.
Le projet interrégional CLAREC (1) (Contrôle par laser aéroporté des risques environnementaux côtiers) a donc été mis en place en 2008 avec pour objectif d'améliorer la connaissance des risques environnementaux naturels encourus par les façades maritimes de la Manche et de la Mer du Nord dans le cadre du changement climatique, afin d'être à même de proposer des éléments d'aide à la décision pour minimiser l'impact de ces aléas climatiques.
Afin de dresser cette cartographie des risques littoraux, CLAREC s'est doté d'un instrument de très haute technologie, unique en France dans le domaine de la recherche publique, un scanner laser aéroporté appelé Lidar topographique, qui permet de dresser une topographie très fine du relief, avec une précision altimétrique et une densité de points au sol très élevées, tout en couvrant de grandes superficies avec un rendement pouvant aller jusqu'à 30 km2 à l'heure ce qui est d'un grand intérêt pour le suivi, par exemple, de l'évolution des plages.
Topographie Lidar 3D (semis de points brut) d'une partie de la commune de la Faute-sur-Mer réalisée en juin 2010.
Au mois de juin dernier, à la demande et avec le soutien financier de l'INSU-CNRS, partenaire du GIS Clarec, un survol du littoral de la Vendée, en particulier de la commune de la Faute-sur-mer submergée lors de la tempête Xynthia en février, a été réalisé avec le Lidar topographique par l'équipe opérationnelle du projet Clarec afin d'en dresser une topographie aussi fine que possible.
Cette mission a été un succès. Pour la première fois sur de telles surfaces et dans ce secteur littoral, une précision altimétrique de l'ordre de 10 cm au sol et une densité brute d'acquisition des points laser de 9 points/m² ont été atteintes. Sur la carte ainsi obtenue, toutes les habitations, digues et arbres ainsi que de multiples petits détails sont parfaitement visibles.
Avec une telle topographie, il est possible moyennant des travaux de modélisation hydrodynamique de préciser l'extension d'une submersion, de désigner les maisons inondées, d'estimer les hauteurs d'eau dans chacune d'elle et donc d'évaluer la dangerosité de la zone littorale étudiée. Le zonage des dangers extrêmes sur les côtes de Vendée faisant encore débat, ces nouvelles données pourraient être particulièrement utiles pour améliorer de manière objective la connaissance des risques.
Topographie Lidar 3D (semis de points brut) de la même partie de la commune de la Faute-sur-Mer sur laquelle a été représentée en bleu une submersion, en cas de rupture des digues, correspondant à un niveau de la mer survenant environ tous les vingt ans. Sur cette surface d'environ 15 hectares, le nombre important des maisons inondées est tout à fait visible.
Note:
(1) Les partenaires de CLAREC sont le Laboratoire de morphodynamique continentale et côtière (M2C, CNRS / Université Caen / Université Rouen), le Laboratoire de géographie physique et environnement (GEOPHEN - LETG, CNRS / Universités Nantes, Brest, Rennes-II, Caen) et le Laboratoire océanologie et géosciences (LOG, CNRS / Université du Littoral-Côte d'Opale / Université Lille-I) ainsi que les quatre régions se partageant la façade Manche-mer du Nord (Haute et Basse-Normandie, Picardie, et Nord-Pas de Calais) et leurs universités.