La surface de l'ex plus grand astéroïde du Système Solaire et désormais "planète naine", Cérès, vient d'être pour la première fois cartographiée dans le détail en lumière infrarouge. Ces observations permettront une meilleure détermination de la composition externe de Cérès, dont on pense que la structure interne est composée à 25% de glace d'eau.
Carte infrarouge en fausses couleurs de Cérès. Les régions les plus lumineuses sont en rouge, les plus sombres en bleu. La tache circulaire bleue au centre pourrait être un cratère d'impact, la nature des taches rougeâtres n'est pas expliquée. Les zones noires aux pôles sont dues à un manque de données
Le gros rocher spatial de 950 kilomètres de diamètre se situe dans la ceinture principale d'astéroïdes entre Mars et Jupiter et est suffisamment massif pour que sa gravitation propre en fasse une sphère, qualité qui lui a valu d'être élevé au rang de planète naine en août dernier au même titre que Pluton et Eris.
Le télescope spatial Hubble avait réalisé des images en lumière visible de Cérès en 2003 et 2004 et dans l'ultraviolet en 2001. Ces images montraient des taches lumineuses et sombres dont les scientifiques ignoraient l'origine.
Une équipes d'astronomes, conduite par Benoit Carry de l'Observatoire de Paris-Meudon, a franchi une étape dans la résolution du mystère en réalisant les premières images à haute résolution de Cérès en lumière infrarouge. Les scientifiques ont utilisé le télescope Keck II du Mauna Kea à Hawaï pour obtenir des images montrant des caractéristiques aussi petites que 30 kilomètres de large. Les taches observées correspondent exactement à celle auparavant détectées.
Des variations subtiles de luminosité apparaissent dans cette série d'images infrarouges à haute résolution de Cérès, montrant différentes faces de la "planète naine"
Deux motifs circulaires sombres sont probablement des cratères, mais la nature des autres taches qui contrastent avec leur environnement reste toujours un mystère, selon les chercheurs. Divers éléments pourraient causer des variations de luminosité sur Cérès, comme une composition chimique de la surface inégalement répartie due à des impacts avec d'autres roches de l'espace. Il est également possible que de la glace d'eau souterraine remonte à la surface par des failles. En se basant sur sa faible densité, on suppose que Cérès est composé à 25% de glace.
Afin d'évaluer les diverses hypothèses, l'équipe a l'intention de cartographier les variations du spectre infrarouge sur toute la surface de Cérès, ce qui devrait permettre d'observer toutes les variations de sa composition. Ces travaux devraient s'effectuer en novembre 2007, à l'aide du VLT (Very Large Telescope) au Chili, lorsque Cérès sera au plus près de la Terre.
La NASA, pour sa part, a l'intention d'étudier Cérès et l'astéroïde Vesta dans le détail grâce à la sonde spatiale Dawn, dont le lancement est prévu en juin 2007, et qui devrait atteindre Vesta en 2011 et Cérès en 2015.