Les anciens Mayas au cœur de multiples échanges culturels

Publié par Adrien,
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L'ancienne civilisation maya de Mésoamérique a développé sa culture et son architecture uniques au contact de nombreux autres groupes et pas seulement du peuple olmèque ou par elle-même, sans influence extérieure, comme parfois évoqué. Selon une nouvelle étude, les pyramides et les places de Ceibal, un ancien site maya au Guatemala, sont probablement issues de larges échanges culturels qui se sont déroulés dans tout le sud de la Mésoamérique entre 1 000 et 700 ans avant notre ère.

Jusqu'à présent, deux hypothèses prévalaient concernant l'origine de la civilisation maya, l'une suggérant qu'elle s'était développée entièrement par elle-même dans ce qui est maintenant le sud du Mexique, le Guatemala et Belize, alors qu'une autre avançait que cette civilisation avait subi l'influence culturelle des Olmèques. Takeshi Inomata et Daniela Triadan, équipe de l'Université de l'Arizona à Tucson et couple à la ville, ont toutefois trouvé avec des collegues américains et japonais qu'aucune de ces hypothèses ne rendait complètement compte de l'histoire des Mayas.

"Quand on aborde le sujet de l'origine de la civilisation maya des plaines, leurs relations [avec les Olmèques] fait toujours débat" explique Inomata. "Nous disons maintenant qu'il n'y avait pas seulement des Olmèques mais beaucoup d'autres groupes, par exemple ceux vivant dans le centre du Chiapas ou sur la côte Pacifique au sud, qui avaient des échanges importants avec les Mayas des plaines".


Pyramide maya de Kulkulkán, le dieu serpent à plumes, vue de l'espace. Image NASA

Au moment où des communautés sédentaires ont commencé à apparaître dans les basses plaines du sud du Mexique, du Guatemala et de Belize lors des débuts de la période dite Préclassique moyenne, de 1 000 à 700 ans avant notre ère, les Olmèques de la côte du golfe étaient déjà bien établis dans les régions voisines précisent les chercheurs. C'est dans ce contexte que beaucoup d'anthropologues ont considéré les Olmèques comme la "culture mère" qui a apporté aux autres peuples des innovations culturelles dans l'art ou la structure politique.

Le centre olmèque de la côte de La Venta, par exemple, présentait des styles architecturaux que l'on a retrouvés à Ceibal. Cependant, Inomata et les autres chercheurs fournissent maintenant des mesures de datation au radiocarbone effectuées sur des sites de cérémonie de Ceibal comme des places et des plates-formes qui prédatent de 200 ans le développement de La Venta en tant que centre majeur. Ces résultats impliquent que La Venta n'a pu exercer l'influence initiale sur Ceibal qu'on lui attribuait. Inomata et son équipe pensent plutôt que Ceibal et La Venta ont tout les deux participé au même changement culturel qui s'est produit en Mésoamérique entre environ 1 150 et 800 ans avant notre ère.

"Le principal monument à Ceibal est fait d'une place avec une plate-forme ou pyramide à l'ouest et une butte à l'est" précise Inomata. "Cela est désigné sous le nom de "Assemblage de groupes en E" et on peut le retrouver dans tout le sud de la Mésoamérique". Beaucoup de chercheurs ont été réticents à utiliser ce terme pour les structures à La Venta car il a été forgé au départ pour décrire l'architecture maya. Inomata et son équipe arguent cependant que les constructions de cérémonie à La Vena devraient aussi être considérés comme des Assemblages de groupes en E.

"Il est possible que leur usage était très similaire" poursuit Inomata. "Les rituels étaient très importants dans ces civilisations et il y avait une série de dépôts rituels sur la place de Ceibal... De tels rituels incluaient souvent des haches en pierre verte, faites de jade ou d'autres pierres précieuses importées, qui étaient déposées [sur la place] en guise d'offrande." De telles offrandes rituelles ont été retrouvées ailleurs dans le sud de la Mésoamérique, dont deux sites contemporains situés dans le Chiapas au Mexique.

Inomata et son équipe suggèrent que les Assemblages de groupes en E à Ceibal ont commencé sous la forme de petites structures de juste deux mètres de haut. Cependant, sous l'effet de rénovations permanentes, les constructions pour les cérémonies sont devenues de plus en plus élevées pour finir sous la forme de pyramides très importantes pour les Mayas plus récents.

Ces résultats pris dans leur ensemble ne font pas penser que la civilisation maya était plus ancienne que la culture olmèque, ni ne prouvent qu'elle se soit développée indépendamment. Ils montrent plutôt que les Mayas ont activement participé à un changement social majeur qui s'est déroulé sur une vaste région.

"Nous observons cette nouvelle forme d'architecture, qui reflète probablement une nouvelle forme de société et d'ordre social" précise Inomata. "Cette nouvelle forme d'ordre social n'a pas émergé d'un seul centre, comme pour les Olmèques de la côte du golfe mais d'interactions plus larges entre divers groupes dont les Mayas des plaines".

L'étude des chercheurs est parue dans le numéro du 26 avril de Science, revue éditée par l'AAAS, la société scientifique.
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