Aucune diminution de la pollution par le plastique à l'horizon

Publié par Adrien le 28/09/2020 à 09:00
Source: ASP - Jeanne Picher-Labrie
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Interdiction du plastique à usage unique d'ici 2021, opérations de nettoyage des cours d'eau, valorisation des matières recyclées: la lutte contre la pollution par le plastique s'est intensifiée au cours des dernières années. Mais est-elle suffisante ? Une étude publiée la semaine dernière dans la revue Science conclut que même si tous les pays atteignaient leurs objectifs les plus ambitieux, la quantité (La quantité est un terme générique de la métrologie (compte, montant) ; un scalaire,...) de plastique déversée dans les océans (Océans stylisé Ωcéans est un documentaire français réalisé par...) continuera d'augmenter d'ici 2030 ou, dans le plus optimiste des scénarios, demeurera équivalente au niveau de 2016.


Crédit photo: Bo Eide, Flickr, https://www.flickr.com/photos/snemann2/7825968422/

Les chercheurs prévoient qu'on rejettera entre 20 et 53 millions de tonnes (Mt) de matières plastiques dans les écosystèmes aquatiques à l'échelle de la planète au cours de l'année (Une année est une unité de temps exprimant la durée entre deux occurrences d'un évènement lié...) 2030, comparativement à 19 à 23 Mt en 2016. Et ça, c'est si les cibles de réduction de la pollution (La pollution est définie comme ce qui rend un milieu malsain. La définition varie selon le...) par le plastique sont réellement atteintes par l'ensemble (En théorie des ensembles, un ensemble désigne intuitivement une collection...) des pays. L'étude vient donc combler un manque de connaissances sur la réelle efficacité des mesures envisagées par de nombreux pays et organisations non gouvernementales (ONG).

Et si on continue de produire du plastique au rythme actuel, un scénario surnommé business-as-usual par les chercheurs, c'est plutôt 36 à 90 Mt de plastique par année qui s'ajouteront aux océans déjà pollués. Ce sont la croissance de la population mondiale (La population mondiale désigne le nombre d'êtres humains vivant sur Terre à un...) et l'augmentation continuelle de la production de plastique qui expliquent cette hausse d'ici 2030.

Pour chacun des 173 pays dont les données sont accessibles, les chercheurs ont quantifié la pollution de l'eau par le plastique en fonction de la proportion des matières plastiques qui ne sont pas adéquatement prises en charge (La charge utile (payload en anglais ; la charge payante) représente ce qui est effectivement...). Ils ont aussi considéré que la proximité entre les sources d'émissions et les écosystèmes aquatiques augmente la probabilité (La probabilité (du latin probabilitas) est une évaluation du caractère probable d'un...) que les déchets se retrouvent à l'eau. En 2016, c'est 11% de tous les déchets plastiques produits dans l'année qui auraient atteint lacs, rivières ou océans.

Ensuite, ils ont estimé la part de cette pollution qui pourrait être évitée si tous les pays respectaient leurs engagements en diminuant leur production de plastique, en améliorant la gestion de leurs déchets et en intensifiant la collecte des débris de plastique dans les océans. Pour les pays qui n'ont pas fait de telles promesses, les chercheurs ont considéré les cibles prises par d'autres pays au revenu équivalent.

L'accumulation de plastique dans les écosystèmes aquatiques est un problème mondial: sous l'effet des courants marins, les déchets peuvent être déplacés sur de grandes distances. Les débris de plastiques sont une menace pour plusieurs espèces animales, qui peuvent les ingérer ou s'y empêtrer. De plus, l'impact des microplastiques sur la santé des animaux - et des humains - est inquiétant, bien qu'il ne soit pas encore tout à fait compris.

Il n'est pas trop tard pour inverser la tendance, mais le défi sera immense

Bien que les conclusions soulevées soient de mauvais augure, le groupe d'experts propose aussi un scénario dans lequel on réussirait à ralentir l'accumulation de plastique dans les cours d'eau. Pour y arriver, il faudrait progressivement diminuer nos émissions pour atteindre 8 Mt par année en 2030, c'est-à-dire le même niveau qu'en 2010.

Voici leurs recommandations, plus qu'ambitieuses, pour les pays à revenus élevés:

- Diminuer de 40 % notre production de plastique neuf

- Gérer adéquatement 99 % de nos déchets plastiques. À titre de comparaison, ce pourcentage n'était que de 63 % en 2016.

- Opérations de nettoyage visant à récupérer l'équivalent de 40 % de nos émissions annuelles de matières plastiques dans les écosystèmes aquatiques.

"Le nettoyage nécessiterait à lui seul au moins 1 milliard de personnes participant à l'International Coastal Cleanup de l'ONG Ocean Conservancy. Ce serait une tâche herculéenne étant donné que ça correspond à 660 fois l'effort du nettoyage de 2019.", explique à U of T News Stéphanie Borrelle, co-auteure de l'étude.

Lutter contre le plastique malgré la pandémie

Dans un contexte (Le contexte d'un évènement inclut les circonstances et conditions qui l'entourent; le...) de pandémie, l'utilisation d'emballages et autres produits à usage unique est à la hausse. Un sondage a d'ailleurs révélé que la proportion de Canadiens qui appuient l'interdiction du plastique à usage unique a diminué par rapport à l'année dernière.

Une partie de ces déchets, notamment les masques médicaux, est inévitable pour ralentir la propagation de la covid-19 et protéger les personnes les plus vulnérables. Mais s'il n'est pas envisageable, pour le moment, de réduire autant qu'on le souhaiterait notre production de déchets plastiques, on peut agir sur d'autres composantes de l'équation. La bonne gestion des déchets et les opérations de nettoyage des berges apparaissent donc essentielles pour ne pas retarder la pressante lutte au plastique.
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