La bactérie de l'anthrax survit grâce aux virus qui l'infectent

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Illustration: Bacille du charbon/Wikimedia CommonsAutres langues:
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Le charbon est une maladie infectieuse animale transmissible à l'homme (zoonose) causée par la bactérie Bacillus anthracis. Lorsqu'elle se trouve dans des environnements hostiles, Bacillus anthracis forme des spores hautement résistantes capables de survivre plusieurs dizaines d'années dans le sol. Une fois dans l'organisme, les spores du bacille germent en une forme active qui peut causer la mort de l'hôte infecté si celui-ci n'est pas rapidement traité. Les attaques d'enveloppes contaminées au bacille du charbon aux Etats-Unis en 2001 ont fait découvrir au public cette bactérie comme une arme biologique potentielle.


Bacille du charbon

Des chercheurs de l'Université Rockefeller à New-York aux Etats-Unis se sont intéressés à une observation faite par le bactériologiste Louis Pasteur il y a plus de 100 ans qui a émis l'hypothèse que les vers de terre pourraient jouer un rôle important dans le cycle de vie de Bacillus anthracis. Le travail de Raymond Schuch et de Vincent A. Fischetti publié le 12 août 2009 dans la revue PLoS ONE confirme pour la première fois cette découverte. Ils ont montré que les bacilles du charbon retrouvés dans l'intestin de ces vers de terre sont eux-mêmes infectés par un virus, appelé bactériophage, et vivent plus longtemps que les mêmes bactéries non infectées.

Les scientifiques ont aussi montré que les bactériophages peuvent moduler le mode de vie des bactéries infectées que ce soit dans l'intestin des vers mais également in vitro au laboratoire. En effet, ils peuvent modifier la capacité de Bacillus anthracis à former des colonies, qui est son mode vie dans l'environnement, ou encore altérer la capacité des bactéries à produire des spores. Les virus infectant ces bactéries exercent donc un rôle de balance entre ces deux phénomènes en favorisant l'un ou l'autre en fonction des conditions environnementales. Cette synergie apparut au cours de leur évolution simultanée bénéficie aux deux organismes. Puisque les bactériophages ne peuvent pas infecter et survivre dans les spores de Bacillus anthracis, ils ont un intérêt à inhiber l'expression des gènes bactériens responsables de la production des spores et au contraire, à stimuler l'expression des gènes permettant aux bactéries de former des colonies. Ce qui en contrepartie allonge la durée de vie des bactéries qui ne forment plus des spores dès que les conditions deviennent trop difficiles et sont plus résistantes du fait de leur multiplication.

Cette découverte annonce le développement d'une nouvelle voie de recherche pour combattre la maladie du charbon. On peut également penser que si les bactériophages agissent en symbiose avec les bactéries qu'ils infectent, ces derniers doivent probablement avoir un impact indirect majeur sur la santé des êtres humains quand on sait qu'il existe 10 fois plus de bactéries que de cellules chez l'homme et 10 fois plus de bactériophages que de bactéries.

Auteur de l'article: Pierre-Alain RUBBO
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