Nous avons vu (voir notre précédente news ) certains des problèmes qui freinent actuellement le programme du Boeing 787. D'autres, plus ou moins médiatisés et plus ou moins importants perturbent aussi le programme. Nous vous les présentons tout de suite.
Controverse sur la résistance en cas d'accident léger
Autre coup dur, une fuite d'un ancien ingénieur de Boeing révèle que, lors de simulations informatiques menées en 2005, le 787 serait moins sûr que le 777 actuel. Le cadre de l'étude était celui d'un "crash léger", par là, il faut comprendre un atterrissage trop brutal, notamment suite à un cisaillement de vent plaquant l'avion au sol. Il s'agit d'un cas d'accident souvent peu médiatisé car rarement mortel. Un tel accident s'est produit aux abords de l'aéroport de Londres Heathrow le 17 janvier 2008 où un Boeing 777-200 s'est "posé" très durement 300 m avant le seuil de piste avec à la clef de très gros dégâts sur l'avion dont les ailes et les trains d'atterrissage ont été très gravement endommagés. Cependant, seuls 17 passagers ont été légèrement blessés et tout le monde a pu évacuer l'épave sans trop de difficultés.
Le 787 lors de tests poussés (image copyright Boeing)
La simulation montrait que le bas du fuselage métallique du 777 s'est déformé assez progressivement, amortissant suffisamment le choc pour éviter de graves blessures aux occupants de l'appareil. A l'inverse, la même simulation sur le Boeing 787 faisait apparaître que le fuselage en carbone de cet appareil, plus rigide mais aussi plus cassant n'amortit pas aussi bien le choc, avec pour conséquences des blessures potentiellement mortelles sur les passagers et un effondrement du plancher de la cabine, interdisant une évacuation dans de bonnes conditions.
Boeing a réagit en indiquant que depuis cette étude, des modifications avaient été apportées sur les plans de l'appareil afin de corriger le problème soulevé. L'un des problèmes de la simulation pour des matériaux nouveaux comme la fibre de carbone utilisée pour le 787 est que leurs propriétés sont assez mal connues d'un point de vue de la simulation mathématique. Pour valider les derniers résultats, des tests sur maquette représentative ont été menés. Contrairement aux automobiles, aucun crash test n'est prévu dans la certification d'un avion.
Problème avec les moteurs Rolls Royce
De ce point de vue, le 787 et l'A380 en sont à peu près au même point: les moteurs Rolls Royce posent problème. Dans le cadre des essais du moteur, des brusques montées en régime ont provoqué des éjections de pièces métalliques. Ces dernières peuvent, en plein vol, endommager l'avion. Il est impossible de savoir si ce phénomène a un rapport avec l'incident de l'airbus A380 de la Quantas, il ne s'agit pas des mêmes modèles de moteurs, mais la réputation du motoriste britannique a certainement été atteinte avec ces deux incidents.
La FAA remet en cause la certification pour les vols transocéaniques et transpolaires
Ce n'est pour le moment qu'une menace, mais la FAA a fait savoir à Boeing qu'elle ne se satisfaisait pas des actuelles réponses de Boeing aux différents problèmes rencontrés au cours de la campagne de tests. En d'autres termes, l'Office de sécurité aérienne américaine souhaite qu'un Boeing 787 ait la possibilité d'atterrir rapidement en cas d'ennuis techniques. Cela est bien sûr incompatible avec le survol d'océans ou de zones non équipés en infrastructures aéroportuaires. La FAA prévoit donc de ne pas accorder de certification ETOPS autorisant des liaisons transocéaniques et transpolaires.
Il ne s'agit pour le moment que d'une menace qui serait mise à exécution si Boeing n'apporte pas de preuves sérieuses de la fiabilité de son nouveau né. Cependant, une telle éventualité pourrait être un coup dur pour les compagnies qui prévoyaient d'utiliser l'avion pour des liaisons intercontinentales directes.
Il pleut dans le Boeing 787
Il s'agit d'un incident loin d'être aussi critique que ceux que nous avons vus jusqu'ici, en outre, il ne remet pas en cause la certification mais pourrait avoir une sérieuse incidence sur le planning de livraison, et pour cause... il pleut à bord ! Il s'agit en réalité d'un problème de condensation accéléré dans les circuits de climatisation. Le problème est tel que certains vols de test se font avec une climatisation d'appoint. Il semble peu probable qu'une compagnie aérienne accepte un avion où les occupants serait obligés de tenir un parapluie pour rester au sec.
Pourquoi tant de problèmes ?
Entendons nous bien, il est normal que le programme d'essais révèle quelques défauts sur un premier exemplaire d'avion. Ce qui est nouveau, c'est la nature plus profonde des anomalies relevées. Nous verrons demain ce qui peut causer une telle série.
Sur le même sujet voir aussi:
Boeing 787: le point sur les essais (1/3) http://www.techno-science.net/actualite/redirect-N8596.html
Boeing 787: le point sur les essais (3/3) http://www.techno-science.net/actualite/redirect-N8604.html