Certains octogénaires possèdent une mémoire aussi vive que des personnes trente ans plus jeunes. Leurs cerveaux exceptionnels livrent peu à peu leurs mystères aux scientifiques.
Depuis vingt-cinq ans, une étude longitudinale menée par l'Université Northwestern examine un groupe singulier: les "SuperAgers" (traduisez: super-seniors). Ces individus de plus de 80 ans présentent des capacités mnésiques remarquables, contredisant l'idée d'un déclin cognitif inéluctable. Leurs particularités cérébrales et comportementales offrent des pistes précieuses pour comprendre la résilience neuronale.
Les caractéristiques cérébrales distinctives
L'imagerie cérébrale des SuperAgers révèle une préservation surprenante du cortex. Cette
couche externe du
cerveau, généralement amincie avec l'âge, ne montre pas d'atrophie significative chez eux. Une région spécifique, le cortex cingulaire antérieur, impliqué dans la
motivation et l'intégration cognitive, est même plus épaisse que chez des adultes plus jeunes.
L'examen post-mortem de 77 cerveaux a mis en lumière des traits cellulaires uniques. Les SuperAgers possèdent une plus grande densité de neurones de von Economo, des cellules spécialisées liées à la cognition sociale. Leurs neurones entorhinaux, essentiels pour la
mémoire, présentent également un développement supérieur à la
moyenne.
La recherche identifie deux mécanismes neurobiologiques principaux. Certains cerveaux résistent totalement aux plaques amyloïdes et aux enchevêtrements de tau, marqueurs de la maladie d'Alzheimer. D'autres font preuve de résilience, hébergeant ces pathologies mais sans subir leurs effets délétères sur la mémoire.
Au-delà de la biologie: le rôle de la sociabilité
Les observations comportementales montrent une constante frappante parmi ces seniors. Ils entretiennent généralement une vie sociale riche et active, avec des relations interpersonnelles fortes. Cette sociabilité pourrait constituer un facteur protecteur pour le cerveau, bien que son influence exacte reste à préciser.
Les chercheurs émettent l'hypothèse d'un cercle vertueux. La stimulation sociale constante pourrait entretenir les réseaux neuronaux et favoriser la neuroplasticité. La présence accrue de neurones de von Economo, associés aux interactions, pourrait à la fois être une cause et une conséquence de ce mode de vie.
Ces découvertes ouvrent des perspectives pour des interventions futures. Comprendre les fondements biologiques de cette résistance offre des cibles pour développer des thérapies. L'objectif est de promouvoir un vieillissement cérébral en bonne santé pour le plus grand nombre, en s'inspirant de ces modèles exceptionnels.