Celà fait maintenant deux semaines que le vol MH370 a disparu. Les informations à ce sujet sont pour le moins contradictoires, souvent démenties avant d'être éventuellement confirmées. Il est donc bien délicat d'avoir des informations fiables.
Une disparition totale d'un avion de ligne est elle exceptionnelle ?
Le fait de n'avoir trouvé aucun élément et d'avoir une telle incertitude sur l'endroit où se trouve l'avion ou son épave deux semaines après sa disparition est quelque chose d'unique dans l'histoire de l'aviation moderne. Si on prend le cas du vol AF447, l'Airbus A330 qui a disparu en 2009 dans l'Atlantique, les premiers éléments de l'avion et de ses passagers avaient été retrouvés moins d'une semaine après sa disparition. Cette différence est d'autant plus notable que l'Airbus A330 d'Air France volait dans une zone sans contrôle aérien, sans couverture radar, en plein océan, de nuit et par météo délicate. Le 777 volait dans des conditions plus propices même s'il était en train de sortir d'une zone de couverture radar au moment de sa disparition.
De manière générale, un avion de ligne moderne ne disparaît pas sans laisser de traces. Là encore, le vol AF 447 montre que même si les pilotes restent silencieux et sans suivi radar, d'autres systèmes communiquent avec le sol. C'était notamment le cas des messages ACARS. En cas d'avarie ou même de tentative de suicide, l'avion continue donc à "parler" et les éventuels débris se situent proche de la route employée. A l'inverse, dans le cas d'un détournement, les auteurs de ce détournement font rapidement part de leur revendication. En cela, nous nous trouvons devant un cas unique depuis plusieurs décennies.
Dérive d'un Boeing 777-200 (image jyb pour Techno-science.net)
Pourquoi les informations ont du mal à émerger ?
Les catastrophes aériennes font l'objet de grands enjeux. Il y a un enjeu financier, mais aussi un enjeu de réputation. Ici, la réputation de l'avion lui même n'est plus à faire: le Boeing 777 est l'un des avions les plus sûrs du monde, c'est même un premier de la classe. Par contre, si un défaut de maintenance, de formation ou de sécurité était découvert, cela entraînerait des frais importants pour la compagnie. Mais ici, ce n'est pas forcément le principal problème, car oui, il y a un autre élément qui pose un bien plus gros problème.
L'un des principaux rebondissements est le fait que l'avion ait continué à voler longtemps après sa disparition. Surtout, la route suivie par l'avion après sa disparition des écrans du contrôle aérien passe à nouveau au dessus du territoire malaisien ou Thaïlandais sans que les radars d'aucun des deux pays ne le détecte. Or, même dans le cas où le transpondeur est désactivé, un Boeing reste parfaitement visible sur les écrans radars, en premier lieu, ceux des militaires. Pourtant, cet avion civil, un gros porteur, a réussi à passer au dessus de ces territoires sans avoir été repéré sur le moment par un opérateur, qu'il soit civil ou militaire. Il s'agit là d'une faille de sécurité dans le système de défense aérienne très important. La divulgation de cette information est donc non seulement humiliante pour les autorités concernées mais revient à annoncer publiquement une vulnérabilité dans la sécurité nationale du ou des pays concernés.