🧬 Des éléments constitutifs de la vie découverts, pour la première fois, hors de notre galaxie

Publié par Cédric,
Auteur de l'article: Cédric DEPOND
Source: The Astrophysical Journal Letters
Autres langues: EN, DE, ES, PT
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Une signature chimique lointaine, captée par l'œil infrarouge du télescope spatial James Webb, vient d'ouvrir une nouvelle fenêtre sur l'univers moléculaire. Pour la première fois, une équipe internationale a identifié des molécules organiques complexes dans les glaces entourant une jeune étoile située bien au-delà de notre Voie lactée.

Cette détection inédite, réalisée dans des conditions cosmiques extrêmes, éclaire d'un jour nouveau les processus chimiques capables de donner naissance aux briques élémentaires du vivant.


Cette découverte majeure est l'œuvre d'une collaboration scientifique dirigée par Marta Sewiło de l'Université du Maryland et de la NASA. En utilisant l'instrument MIRI du télescope James Webb, les chercheurs ont analysé la composition des glaces entourant l'étoile naissante ST6, située dans le Grand Nuage de Magellan, une galaxie satellite de la nôtre. La qualité exceptionnelle des spectres obtenus a permis d'y déceler la présence de cinq molécules organiques distinctes, dont certaines n'avaient jamais été observées dans un tel environnement.

Un laboratoire naturel aux conditions extrêmes


Le Grand Nuage de Magellan représente un environnement particulièrement hostile pour la chimie complexe. Cette galaxie ne possède qu'un tiers à la moitié de la diversité des éléments lourds présents dans notre Système solaire, tout en étant soumise à un rayonnement ultraviolet intense. Ces caractéristiques en font un analogue précieux des galaxies primordiales qui peuplaient l'univers jeune, où les éléments plus lourds que l'hélium étaient bien moins abondants qu'aujourd'hui.

La détection de molécules organiques dans ce milieu appauvri démontre la robustesse des processus chimiques à l'œuvre dans l'espace interstellaire. Les chercheurs estiment que ces molécules se forment principalement à la surface des grains de poussière cosmiques, où les atomes et molécules simples s'assemblent progressivement sous l'effet du rayonnement ambiant. Cette hypothèse, jusqu'alors étayée par des modèles théoriques et des expériences en laboratoire, trouve ici une confirmation observationnelle décisive.

La présence de ces composés organiques dans un environnement aussi rude suggère que la chimie prébiotique pourrait être un phénomène répandu à travers le cosmos, y compris dans les galaxies les plus primitives. Cette universalité potentielle renforce l'idée que les ingrédients de base nécessaires à l'émergence de la vie pourraient être disponibles dans une grande variété de galaxies, bien au-delà de notre Voie lactée.

Les implications pour l'origine de la vie


Parmi les molécules identifiées figurent le méthanol, l'éthanol, le formiate de méthyle, l'acétaldéhyde et l'acide acétique, ce dernier n'ayant jamais été détecté de manière concluante auparavant dans les glaces interstellaires. Ces composés carbonés, bien connus sur Terre où certains comme l'éthanol et l'acide acétique ont des applications courantes, représentent des intermédiaires chimiques pouvant conduire à la formation de molécules biologiques plus élaborées.

L'équipe a également repéré des signatures spectrales évoquant la présence de glycolaldéhyde, une molécule apparentée aux sucres et considérée comme un précurseur potentiel de composants de l'ARN. Bien que cette détection nécessite une confirmation supplémentaire, elle ouvre des perspectives quant à la possibilité que des molécules précurseures de l'apparition de la vie puissent se former dans l'espace interstellaire avant même la naissance des planètes.

La survie de ces molécules organiques durant le processus de formation planétaire représente un enjeu fondamental pour comprendre comment les ingrédients de la vie peuvent être incorporés aux jeunes mondes en formation. Les chercheurs estiment que ces composés pourraient résister aux phases initiales de l'accrétion planétaire et ainsi être délivrés intactes à la surface des protoplanètes, où ils participeraient aux réactions chimiques menant à l'apparition de la vie.
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