Un chercheur de l'UNIGE résout une controverse scientifique autour de la vitesse d'expansion de l'Univers en proposant que celui-ci ne soit pas parfaitement homogène à grande échelle.
Au centre, la galaxie Messier 106, située à environ 24 millions années-lumière, sert de référence pour mesurer les distances des supernovae lointaines. © NASA
La
Terre (La Terre est la troisième planète du Système solaire par ordre de distance...), le
système solaire (Le système solaire est un système planétaire composé d'une étoile, le...), la
Voie lactée (La Voie lactée (appelée aussi « notre galaxie », ou parfois...) entière ainsi que les quelques milliers de galaxies les plus proches de nous évoluent dans une vaste "bulle" de 250 millions d'années-lumière de
diamètre (Dans un cercle ou une sphère, le diamètre est un segment de droite passant par le centre...), dans laquelle la
densité (La densité ou densité relative d'un corps est le rapport de sa masse volumique à la...) de
matière (La matière est la substance qui compose tout corps ayant une réalité tangible. Ses...) moyenne (La moyenne est une mesure statistique caractérisant les éléments d'un ensemble de...) est moitié moins grande que celle du reste de l'
Univers (L'Univers est l'ensemble de tout ce qui existe et les lois qui le régissent.). Telle est l'hypothèse proposée par un
physicien (Un physicien est un scientifique qui étudie le champ de la physique, c'est-à-dire la...) théoricien de l'
Université de Genève (L'université de Genève (UNIGE) est l'université publique du canton de Genève en...) (UNIGE) pour résoudre un casse-tête qui divise la communauté
scientifique (Un scientifique est une personne qui se consacre à l'étude d'une science ou des sciences et qui...) depuis une
décennie (Une décennie est égale à dix ans. Le terme dérive des mots latins de decem « dix »...): quelle est la
vitesse (On distingue :) d'expansion de l'Univers ? Jusqu'à présent, au moins deux méthodes de calcul indépendantes parvenaient à deux valeurs qui diffèrent l'une de l'autre d'environ 10% et dont l'écart est statistiquement irréconciliable. L'approche, présentée dans la revue
Physics Letters B, permet de gommer cette divergence et ce, sans faire appel à une quelconque "nouvelle
physique (La physique (du grec φυσις, la nature) est étymologiquement la...)".
Depuis le
Big bang (Le Big Bang est l’époque dense et chaude qu’a connu l’univers il y a...) survenu il y a 13,8 milliards d'années, l'Univers est en expansion. Le premier à l'avoir suggéré est le chanoine et physicien belge Georges Lemaître (1894-1966) et le premier à l'avoir mis en évidence est Edwin
Hubble (Le télescope spatial Hubble (en anglais, Hubble Space Telescope ou HST) est un télescope en...) (1889-1953). L'
astronome (Un astronome est un scientifique spécialisé dans l'étude de l'astronomie.) américain a découvert en 1929 que toutes les galaxies s'éloignent de nous et ce d'autant plus vite que leur distance est grande. Cela suggère qu'il a existé dans le
passé (Le passé est d'abord un concept lié au temps : il est constitué de l'ensemble...) un moment où toutes les galaxies se trouvaient au même endroit, un moment qui ne peut correspondre qu'au Big bang. De ces travaux sont issues la loi dite de Lemaître-Hubble et, surtout, la constante de Hubble (H0) qui représente le taux d'expansion de l'Univers. Les meilleures estimations de H0 se situent actuellement
autour (Autour est le nom que la nomenclature aviaire en langue française (mise à jour) donne...) de 70 (km/s)/Mpc (ce qui signifie que l'Univers s'étend de 70 km par
seconde (
Seconde est le féminin de l'adjectif second, qui vient immédiatement après le premier ou qui...) plus vite tous les 3,26 millions d'années-lumière). Le problème, c'est que deux méthodes de calcul s'opposent.
Supernovæ sporadiques
La première est basée sur le
fond diffus cosmologique (Le fond diffus cosmologique est le nom donné au rayonnement électromagnétique issu...), ce
rayonnement (Le rayonnement, synonyme de radiation en physique, désigne le processus d'émission ou de...) microonde qui nous vient de partout et qui a été émis au moment où l'Univers est devenu assez
froid (Le froid est la sensation contraire du chaud, associé aux températures basses.) pour que la
lumière (La lumière est l'ensemble des ondes électromagnétiques visibles par l'œil...) puisse enfin circuler librement (environ 370 000 ans après le Big bang). À partir de ces
données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) précises fournies par la mission spatiale Planck, compte tenu du fait que l'Univers est homogène et isotrope et en utilisant la
théorie de la relativité (Cet article traite de la théorie de la relativité à travers les âges. En physique, la notion de...) générale d'Einstein pour dérouler le scénario, on obtient pour H0 la valeur de 67,4. La seconde méthode de calcul se base sur les supernovæ qui apparaissent sporadiquement dans les galaxies lointaines. Ces événements très lumineux fournissent à l'observateur des distances très précises. Cette approche a permis de déterminer une valeur pour H0 de 74.
"Depuis plusieurs années, ces deux valeurs n'ont cessé de gagner en précision
tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...) en restant différentes l'une de l'autre, explique Lucas Lombriser, professeur au Département de
physique théorique (La physique théorique est la branche de la physique qui étudie l’aspect théorique des lois...) de la Faculté des sciences de l'UNIGE. Il n'en fallait pas plus pour provoquer une
controverse scientifique (Une controverse est un débat de fond sur une idée nouvelle. L'histoire des sciences est jalonnée...) et même susciter l'espoir excitant que l'on avait peut-être affaire à une "nouvelle physique". Pour réduire cet écart, Lucas Lombriser a, quant à lui, imaginé que l'Univers n'est pas si homogène qu'on le prétend. Cette affirmation peut paraître évidente à des échelles relativement modestes. Il ne fait aucun doute que la matière est distribuée autrement dans une
galaxie (Galaxies est une revue française trimestrielle consacrée à la science-fiction. Avec...) qu'en dehors. Il est plus difficile en revanche d'imaginer des fluctuations dans la densité moyenne de matière calculée sur des volumes des milliers de fois plus grands qu'une
galaxie (Une galaxie est, en cosmologie, un assemblage d'étoiles, de gaz, de poussières et de...).
"Bulle de Hubble"
"Si nous nous trouvions dans une sorte de gigantesque "bulle" dans laquelle la densité de matière serait significativement inférieure à celle que nous connaissons pour l'Univers entier, alors cela aurait des conséquences sur les distances de supernovæ et, finalement, sur la détermination de H0", explique Lucas Lombriser.
Il faudrait seulement que cette "bulle de Hubble" soit assez grande pour comporter la galaxie qui sert de référence pour la mesure des distances. En fixant pour cette bulle un diamètre de 250 millions d'années-lumière, le physicien a calculé que si la densité de matière à l'intérieur était de 50% inférieure à celle du reste de l'Univers, alors on obtenait une nouvelle valeur pour la constante de Hubble qui soit, enfin, en accord avec celle obtenue grâce au fonds diffus cosmologique. "La
probabilité (La probabilité (du latin probabilitas) est une évaluation du caractère probable d'un...) qu'il existe une telle fluctuation à cette échelle est de 1 sur 20, voire de 1 sur 5, précise Lucas Lombriser. Ce n'est donc pas un fantasme de théoricien. Il y a beaucoup de régions comme la nôtre dans le vaste Univers."
Contact:
- Lucas Lombriser - Professeur assistant au Département de physique théorique - Faculté des sciences - Lucas.lombriser at unige.ch
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