Des oiseaux de mer gardent longtemps leurs anticorps maternels

Publié par Michel,
Source: CNRS-INEEAutres langues:
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Les oiseaux de mer peuvent vivre longtemps et la persistance des anticorps maternels de ces espèces se révèle être un mécanisme clé pour la survie des poussins exposés à des agents infectieux pendant la période d'élevage. Dans un article publié dans les Proceedings of the Royal Society B, une équipe internationale menée par des chercheurs du Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive - CEFE (CNRS/universités de Montpellier 1,2,3 et de Nîmes/SupAgro/Cirad/EPHE/IRD/INRA) vient de démontrer pour la première fois la dynamique de ces anticorps maternels et leur longue durée de vie.


Femelle de puffin cendré avec son jeune poussin © Raul Ramos

L'expérience sur laquelle se base l'étude a consisté à vacciner les femelles adultes de trois espèces - dont un oiseau marin à très longue durée de vie, le puffin cendré - contre le virus de la maladie de Newcastle, une maladie contagieuse des oiseaux. Les taux d'anticorps ont été suivis chez les poussins pendant toute la durée de la période d'élevage. Chez le puffin cendré, la demi-vie des immunoglobulines a pu être estimée à 25 jours, soit quasiment 5 fois plus que ce qui est connu chez les autres espèces d'oiseaux. Ces poussins sont donc susceptibles d'être encore protégés par les anticorps qu'ils ont reçus de leur mère plus de 40 jours après l'éclosion, un âge où l'on pensait jusqu'alors que tous les oiseaux les avaient perdus.

Les puffins cendrés et les autres membres de l'ordre des Procellariiformes tels que les albatros représentent des exemples extrêmes du compromis évolutif entre qualité et quantité: ils atteignent leur maturité sexuelle à un âge avancé et ne produisent qu'un seul poussin par période de reproduction, auquel ils apportent des soins parentaux importants durant sa période de croissance. C'est dans ce contexte temporel long qu'une protection passive par les anticorps maternels de longue durée a probablement évolué pour couvrir la période d'élevage et assurer la survie des jeunes.

Cette découverte pourrait avoir deux retombées importantes. Tout d'abord, elle pourrait être mise à profit à des fins de conservation. Dans le cas d'épidémies touchant les jeunes chez des oiseaux marins comme l'albatros, une modélisation théorique a en effet montré que la vaccination de femelles adultes pourrait limiter les effets démographiques d'une maladie infectieuse en assurant une protection temporaire efficace des jeunes. Enfin, même si les mécanismes moléculaires déterminant la persistance longue des anticorps maternels restent pour l'instant inconnus, leur mise en évidence permettra une meilleure compréhension du système immunitaire des oiseaux tout en ouvrant des perspectives intéressantes dans le domaine des biotechnologies.


Référence:

Maternal antibody persistence: a neglected life-history trait with implications from albatross conservation to comparative immunology, Proceedings of the Royal Society B, R. Garnier, R. Ramos, V. Staszewski, V. Militão, E. Lobato, J. González-Solís & T. Boulinier.
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