Des oiseaux de mer peuvent communiquer avec leur odeur

Publié par Adrien,
Source: CNRS-INEEAutres langues:
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Les signaux chimiques jouent un rôle primordial dans la communication chez de nombreuses espèces animales, renseignant par exemple sur l'espèce, l'identité, le statut social ou encore le sexe. L'étude des signaux de cette nature a longtemps été négligée chez les oiseaux, au profit des signaux visuels et auditifs. Une équipe du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE, CNRS/Montpellier 1et 2/Université Paul-Valéry Montpellier 3/ENSA/Montpellier SupAgro/Ecole pratique des hautes études/CIRAD/IRD) vient de montrer, dans une étude publiée dans Biology Letters, que les pétrels bleus produisent des odeurs pouvant servir à reconnaître les individus apparentés.


Le pétrel bleu fait partie des oiseaux dont le système olfactif est le plus développé
© Francesco Bonadonna

Des études anatomiques et physiologiques indiquent que les structures olfactives des oiseaux présentent de fortes ressemblances avec celles des autres vertébrés et sont fonctionnelles chez plusieurs espèces. Parmi ces espèces, le groupe des pétrels constitue un modèle d'étude particulièrement intéressant, d'une part parce qu'il présente le système olfactif le plus développé parmi les oiseaux et, d'autre part, parce que son mode de vie pélagique, colonial et nocturne pourrait rendre les informations visuelles et auditives moins pertinentes que les informations olfactives. De fait, des travaux récents réalisés par l'équipe du CEFE montrent que des pétrels temporairement privés de l'odorat sont incapables de retrouver leur nid souterrain. Il a aussi été mis en évidence que ces oiseaux reconnaissent l'odeur de leur partenaire ainsi que leur propre odeur, qu'ils évitent. Est-ce pour prévenir des unions consanguines ?

Pour le savoir, l'équipe du CEFE a cherché si les pétrels bleus produisent des labels chimiques potentiellement impliqués dans la reconnaissance des apparentés. Pour éviter les diverses contraintes méthodologiques, expérimentales ou biologiques inhérentes aux analyses chimiques ou aux expériences sur le terrain, elle a développé une approche indirecte originale: l'olfactomètre biologique. Elle consiste à exploiter les capacités olfactives des souris et à se servir de ces rongeurs comme "nez", pour évaluer le degré d'apparentement des odeurs de pétrels bleus, prélevées dans les îles Kerguelen sur des dizaines de couples et leurs poussins uniques. L'étude parue dans Biology Letters a confirmé l'existence d'une signature olfactive chez cette espèce. Elle a aussi montré que l'odeur des poussins à l'envol (mais non celle des poussins en duvet) est plus similaire à celle de leurs parents qu'à celle de tout autre individu non apparenté. Ces résultats ouvrent des perspectives théoriques totalement nouvelles chez les oiseaux, concernant notamment l'utilisation de l'olfaction dans le choix du partenaire et l'évitement de la consanguinité.
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