Ils sont en permanence renfrognés, communiquent par des grognements et se démènent pour attirer l'élu de leur coeur ou défendre leur territoire: non, ce ne sont pas des ados humains mais des poissons-crapauds, ou batrachoididae. Ces créatures bruyantes partagent avec beaucoup d'autres animaux, des oiseaux à l'
homme en passant par la
grenouille, la capacité de produire des sons par la
bouche.
Une nouvelle étude de ces poissons suggère que le mécanisme cérébral en jeu dans cette vocalisation est très primitif, ayant évolué il y a plus de 400 millions d'années avec les premiers poissons osseux. Les poissons-crapauds utilisent leur vessie natatoire avec ses muscles parmi les plus rapides des
vertébrés pour produire divers sons destinés à attirer leur partenaire sexuel ou à défendre leur
territoire. Ces poissons ont dans le
cerveau un circuit de neurones qui s'activent en rythme pour fixer la
vitesse de contraction des muscles vocaux et donc le ton et la durée de leurs appels.
Des chercheurs, de l'Université Cornell à Ithaca, ont pu caractériser ce réseau de neurones chez les larves de ces poissons et découvert qu'il se développait dans une région spécifique incluant la base du cerveau postérieur et le sommet de la
moelle épinière. Ce type de développement est semblable à celui des autres vertébrés qui vocalisent, aussi le circuit nerveux qui le sous-tend pourrait remonter jusqu'aux poissons osseux. D'autres aspects de systèmes propres à la vocalisation tels que les muscles et les organes de la voix (vessie natatoire des poissons, syrinx des oiseaux,
larynx des mammifères), semblent avoir évolué de manière indépendante.