La COVID-19 est une maladie qui touche de façon très différente les nourrissons: par rapport aux adultes, la plupart se portent étonnamment bien lorsqu'ils sont infectés par le SRAS-CoV-2, le coronavirus à l'origine de la maladie.
En effet, une nouvelle étude du CHU Sainte-Justine sur les bébés de Montréal qui ont contracté la COVID-19 lors de la première vague de la pandémie, entre la Saint-Valentin et la fin mai, montre que beaucoup se sont vite rétablis et n'ont eu que des symptômes très légers.
Menée par la D
re Fatima Kakkar, professeure agrégée de
médecine à l'
Université de Montréal, l'étude des caractéristiques cliniques et de la
gravité de la
maladie chez les nourrissons vient d'être
publiée en ligne dans le JAMA
Network Open.
Un taux d'hospitalisation plus élevé
Au Québec et dans tout le Canada, les nourrissons ont eu un taux d'hospitalisation plus élevé à cause de la COVID-19 que les autres groupes d'âge pédiatrique. L'étude du CHU Sainte-Justine révèle que, sur 1165 bébés testés, 25 (2 %) ont été déclarés positifs à la COVID-19 et parmi ceux-ci un peu moins du tiers ont dû être hospitalisés.
Cependant, ces hospitalisations étaient de courte durée (en moyenne deux jours) et reflétaient plus souvent la pratique clinique de routine selon laquelle tous les nouveau-nés ayant de la fièvre sont admis en
observation, subissent un bilan infectieux et reçoivent des antibiotiques en attendant les résultats.
Dans 19 % des cas, d'autres infections, comme celles des voies urinaires, ont été responsables de la fièvre chez le nourrisson. Plus important encore, dans 89 % des cas, l'infection au coronavirus était bénigne et aucun des bébés n'a eu besoin d'
oxygène ou de
ventilation mécanique.
Les effets peu connus
Pendant la première vague de la pandémie, on connaissait peu les effets de l'infection aigüe par le SRAS-CoV-2 chez les nourrissons et les nouveau-nés. Les données étaient limitées à quelques cas signalés à Wuhan, en Chine, le foyer de la pandémie, et elles montraient des taux élevés d'hospitalisation et de gravité de la maladie.
Cela correspondait aux données pour d'autres maladies infectieuses courantes: les nouveau-nés et les nourrissons sont généralement beaucoup plus à risque de contracter des maladies graves, comme la grippe et le virus respiratoire syncytial. Les chercheurs avaient donc prévu les mêmes résultats préoccupants chez les nouveau-nés infectés par le SRAS-CoV-2.
Rassurer les parents
Leurs conclusions devraient rassurer les parents et les personnes qui s'occupent des enfants sur les conséquences de l'infection par le coronavirus chez les nourrissons, a déclaré Fatima Kakkar. "Nous n'avons pas encore compris comment les nourrissons sont protégés contre les maladies graves."
D'autres études sont en cours au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine pour comprendre les différences dans la réponse immunologique au SRAS-CoV-2 chez les nourrissons et chez leurs parents.