Réchauffement climatique: le paludisme aviaire devrait s'étendre

Publié par Michel,
Source: CNRS-INEEAutres langues:
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A partir de relevés sur le terrain, une étude internationale à laquelle ont participé plusieurs chercheurs français a produit un modèle visant à prédire la manière dont le réchauffement climatique va influer sur le paludisme aviaire en France. Les résultats montrent que, d'ici quelques décennies, la montée des températures favorisera l'extension de la maladie dans des régions où elle est actuellement peu présente, comme la Bretagne ou le nord du pays. Ce travail vient d'être publié dans Scientific Reports.


Sur cette carte figurent en vert les zones où la prévalence du paludisme aviaire va baisser d'au moins 1% selon les prévisions du modèle tandis que sont indiquées en rouge les régions où la prévalence de la maladie augmentera d'au moins 10% © Loiseau et al. / Scientific Reports

Quelle peut être l'influence du réchauffement climatique sur l'émergence de maladies infectieuses ? La température ou le niveau de précipitation peuvent affecter la vitesse de développement des pathogènes ainsi que l'abondance et la survie des invertébrés qui les transmettent, comme c'est le cas avec les moustiques vecteurs du paludisme ou de la dengue. Il est donc possible que la hausse des températures favorise la transmission de certains pathogènes et l'accroissement de leur aire de répartition. Cependant, il est délicat de prédire l'émergence et l'expansion géographique de maladies infectieuses humaines, car ces prédictions se heurtent aux mesures sanitaires mises en oeuvre pour limiter les infections. Exemple de cette interférence: alors que les modèles climatiques prédisent une augmentation du risque de contracter le paludisme, les zones où la maladie est endémique se sont en réalité contractées aux cours des dernières décennies.

Pour mieux appréhender l'effet des changements climatiques sur l'expansion des maladies infectieuses, il faut donc s'affranchir de ces facteurs socio-économiques. C'est ce que permet l'étude des pathogènes de la faune sauvage. L'étude parue dans Scientific Reports s'est ainsi intéressée à l'agent pathogène du paludisme aviaire chez le moineau domestique. Il s'agit d'un protozoaire, un Plasmodium, proche de ceux qui sont responsables du paludisme chez l'homme. Ce pathogène est transmis aux oiseaux par le biais de piqûres de moustiques infectés. 1 750 oiseaux ont été examinés dans 24 localités françaises et les chercheurs ont utilisé les données de température, de précipitation et d'altitude de chacun des sites étudiés afin de vérifier si la variabilité de la proportion d'individus infectés (la prévalence) pouvait être attribuée à ces facteurs environnementaux.

Les résultats indiquent que 83% de la variabilité de la prévalence observée s'explique par des facteurs climatiques. En particulier, la variation de température journalière semble jouer un rôle important dans la détermination de la prévalence. En s'appuyant sur ces données, les auteurs de l'étude ont construit un modèle visant à prédire la prévalence de l'infection en 2050 et en 2080. Ce modèle indique qu'elle va augmenter dans les sites où la transmission du parasite est déjà présente et que la maladie va s'étendre dans des régions assez épargnées pour le moment comme la Bretagne, la Normandie ou le Nord-Pas-de-Calais.


Référence:

Predictions of avian Plasmodium expansion under climate change, Scientific Reports, Claire Loiseau, Ryan J. Harrigan, Coraline Bichet, Romain Julliard, Stéphane Garnier, Adam Z. Lendvai, Olivier Chastel & Gabriele Sorci.
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