Le chat doré asiatique, ce félin méconnu aux allures de caméléon, évolue dans les forêts denses de l'Asie. Sa capacité à arborer six couleurs de pelage distinctes et son audace à s'attaquer à des proies bien plus grosses que lui en font un sujet d'étude captivant pour les biologistes. Ce
prédateur discret, qui pèse jusqu'à 16
kilogrammes, étonne par son comportement et son adaptation à des environnements multiples.
Malgré sa discrétion légendaire qui le rend rarement observable, le chat doré asiatique laisse se prendre dans les pièges photographiques. Ces images révèlent une palette de robes étonnante: du brun doré au roux, en passant par le gris, le noir mélanistique, le cannelle pâle et même des motifs rappelant l'ocelot. Cette diversité lui vaut le surnom de "félin aux multiples costumes". L'International Society for Endangered Cats (ISEC) précise qu'aucun lien n'a été établi entre la couleur du pelage et la répartition géographique de l'
espèce, ce qui ajoute au mystère entourant ces variations.
Ce félin agile chasse principalement au sol, mais il excelle aussi dans l'escalade des arbres. Pour abattre des proies imposantes comme des veaux de buffle ou de petits muntjacs, il utilise une morsure puissante au cou. Son activité n'est pas strictement nocturne: des études récentes indiquent qu'il suit des rythmes irréguliers, avec des pics au crépuscule. Cette flexibilité lui permet de prospérer dans les forêts subtropicales et tropicales, où il se déplace à différentes heures de la journée.
L'habitat du chat doré asiatique s'étend des basses altitudes jusqu'à plus de 4 000 mètres, comme l'a montré une étude de 2016 au Bhoutan. Cette adaptabilité aux hautes terres suggère que ces zones pourraient être cruciales pour sa survie. L'espèce peut vivre jusqu'à 20 ans et occuper des paysages ouverts avec des affleurements rocheux, d'où son surnom de "chat des rochers" dans certaines régions de Chine. Son territoire est environ 20 % plus vaste que celui du léopard tacheté, avec lequel il partage des comportements similaires.
La déforestation intensive en Asie du Sud-Est, liée à l'expansion de cultures comme l'huile de palme, le café et le caoutchouc, représente une menace majeure pour le chat doré asiatique. Son attachement aux forêts le rend particulièrement vulnérable à la perte d'habitat. De plus, le braconnage pour sa fourrure, ses os utilisés en
médecine traditionnelle, et sa viande considérée comme un mets délicat, aggrave son déclin. Les conflits avec l'élevage, où il s'attaque parfois au bétail, entraînent des représailles mortelles de la part des agriculteurs.
La diversité des pelages chez les félins
Les variations de couleur chez le chat doré asiatique s'expliquent par des mutations génétiques affectant la production de mélanine, le pigment responsable de la coloration. Ces mutations peuvent survenir naturellement et sont souvent influencées par des facteurs environnementaux, comme la
lumière ou la
température, sans nécessairement être liées à la
géographie.
Chez de nombreuses espèces, le polymorphisme, c'est-à-dire la présence de multiples formes au sein d'une même population, peut offrir des avantages adaptatifs. Par exemple, un pelage plus sombre pourrait mieux absorber la chaleur dans les régions froides, tandis qu'une robe claire pourrait servir de camouflage dans des habitats ensoleillés. Cependant, pour le chat doré asiatique, les chercheurs n'ont pas encore identifié de tels bénéfices spécifiques.
Cette diversité est observée chez d'autres félins, comme le jaguar ou le léopard, où les formes mélanistiques (noires) sont plus communes dans les forêts denses. Comprendre ces mécanismes aide les scientifiques à étudier l'évolution et l'écologie des espèces, en révélant comment les traits physiques interagissent avec l'environnement pour assurer la survie.