🏛️ Et si c'était l'urbanisation qui a causé le déclin maya ?

Publié par Adrien,
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences
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L'oscillation entre l'attrait des villes et leur désertion représente un motif récurrent dans l'histoire humaine. Cette dynamique, visible aujourd'hui dans les migrations urbaines, s'avère ancrée dans des mécanismes anciens, comme le démontre une étude sur les cités mayas.

Dans les basses terres mayas classiques, les chercheurs ont rassemblé des données archéologiques étendues sur les changements de population, les conflits armés et les investissements dans les infrastructures agricoles. En parallèle, l'accès à de nouvelles données climatiques détaillées et les avancées en modélisation informatique ont offert des perspectives inédites.

Cette combinaison a permis d'élucider les dynamiques qui ont conduit à la montée et à la chute des cités mayas. L'équipe, composée de spécialistes de diverses institutions, a appliqué des concepts de l'écologie des populations pour quantifier les moteurs de l'urbanisme. Leurs résultats montrent que l'interaction des aléas climatiques, des guerres intergroupes et des bénéfices des économies d'échelle a favorisé la coévolution de l'urbanisme, des inégalités systémiques et des relations de patronage dans les villes mayas.


Image Wikimedia

Les facteurs qui ont poussé les populations agraires à se regrouper en villes incluent les périodes de climat défavorable, qui rendaient la vie rurale plus difficile, et les conflits intergroupes, qui incitaient à la protection mutuelle. De plus, les économies d'échelle réalisées grâce aux investissements dans l'infrastructure agricole, comme les systèmes d'irrigation, offraient des avantages collectifs qui compensaient les coûts individuels de la vie urbaine, tels que la vulnérabilité aux maladies et la compétition pour les ressources. Cette agrégation a permis de mutualiser les efforts et de renforcer la sécurité, malgré les désavantages croissants.

Lorsque les conditions climatiques se sont améliorées, rendant les zones rurales plus attractives, et que la dégradation environnementale près des villes a augmenté les coûts de la vie urbaine, l'équilibre a basculé. Les avantages de la concentration humaine, comme la sécurité et les économies d'échelle, ont été surpassés par les inconvénients, conduisant à une désurbanisation progressive. Cette découverte surprend, car on attribuait souvent le déclin maya uniquement à la sécheresse, mais il s'agit d'un processus plus nuancé où la liberté et l'autonomie rurales redeviennent préférables.


Le site de Caracol au Belize, illustrant l'ampleur des centres urbains mayas étudiés.
Crédit: Douglas Kennett

Le modèle développé par les chercheurs intègre diverses théories sur l'urbanisation, offrant une explication unifiée qui résout le paradoxe de la concentration agraire. Il montre comment les pressions environnementales, sociales et économiques interagissent pour dicter les cycles de regroupement et de dispersion des populations.

Cette compréhension est pertinente pour les enjeux urbains contemporains, où des dynamiques similaires peuvent être observées.

Une observation inattendue de l'étude fut que l'abandon des villes mayas coïncidait avec des conditions climatiques meilleures, et non pires. Cela remet en cause l'hypothèse dominante qui liait le déclin uniquement à la sécheresse, et montre que la désurbanisation peut survenir lorsque les avantages ruraux redeviennent compétitifs, même en l'absence de crises environnementales aiguës. Les populations ont alors opté pour un mode de vie plus dispersé, où l'autonomie et l'accès aux ressources naturelles étaient plus faciles à maintenir.

Les moteurs de l'urbanisation maya


L'urbanisation des Mayas classiques a été influencée par plusieurs facteurs interdépendants. Les périodes de climat défavorable, comme les sécheresses, rendaient l'agriculture difficile dans les zones rurales, poussant les populations à se regrouper dans les villes pour mutualiser les ressources et se protéger. Les conflits intergroupes, fréquents à cette époque, renforçaient la nécessité de vivre en communautés plus grandes pour assurer la sécurité contre les attaques extérieures. De plus, les économies d'échelle jouaient un rôle clé dans cette dynamique.

Les investissements dans des infrastructures agricoles partagées, tels que les systèmes d'irrigation ou les greniers collectifs, permettaient de produire plus de nourriture avec moins de ressources par personne. Ces avantages collectifs compensaient les coûts individuels de la vie urbaine, comme la promiscuité et les risques sanitaires accrus. La concentration humaine facilitait aussi la spécialisation des tâches, améliorant la productivité et permettant le développement d'élites qui contrôlaient les ressources. Cependant, cela engendrait des inégalités croissantes et des relations de dépendance.

L'interaction de ces facteurs a conduit à une coévolution de l'urbanisme, des inégalités et des structures sociales dans les cités mayas. Le modèle écologique utilisé par les chercheurs montre comment le climat, les conflits et les économies d'échelle se renforcent mutuellement, créant un cycle d'expansion urbaine. Lorsque l'un de ces éléments change, l'équilibre peut se rompre, menant à une dispersion des populations. Cette compréhension aide à expliquer pourquoi les villes mayas ont pu prospérer puis décliner de manière cyclique.
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