Une découverte récente par des chercheurs de l'Université du Michigan vient bouleverser certaines conceptions scientifiques sur le taux de croissance des grandes structures cosmiques. L'étude révèle une croissance plus lente que ce que la théorie de la Relativité Générale d'Einstein avait prédit, soulevant des questions intrigantes sur la nature de la gravité et de l'énergie noire.
Représentation artistique de la matière dans l'univers primitif qui se regroupe lentement en grandes structures cosmiques dans l'univers tardif. Crédit: Minh Nguyen, Université du Michigan et Thanh Nguyen (conjoint)
Nhat-Minh Nguyen, chercheur postdoctoral au département de physique de l'Université du Michigan, est l'auteur principal de cette étude. Il a travaillé en collaboration avec le professeur Dragan Huterer et l'étudiante diplômée Yuewei Wen. Leur recherche est publiée dans la revue Physical Review Letters.
Les galaxies sont réparties dans l'Univers comme une immense toile cosmique. Elles ne sont pas distribuées au hasard, mais ont tendance à se regrouper. L'Univers contient également une composante mystérieuse appelée énergie noire, qui accélère l'expansion de l'Univers à une échelle globale.
En étudiant le fond cosmique micro-ondes (CMB), composé de photons émis peu de temps après le Big Bang, les chercheurs ont pu tracer une image de l'Univers à ses débuts. Ces photons subissent une lentille gravitationnelle lorsqu'ils passent à travers de grandes structures cosmiques, permettant aux scientifiques d'inférer la distribution de la matière dans l'Univers.
Nguyen et son équipe ont également utilisé un phénomène similaire de lentille gravitationnelle déformant des galaxies. La lumière des galaxies en arrière-plan est déformée par les interactions gravitationnelles avec la matière et les galaxies au premier plan. Ces déformations sont ensuite décodées pour déterminer comment la matière est distribuée.
Les résultats de l'étude soulèvent des questions sur ce qu'on appelle la "tension S8" en cosmologie. Le S8 est un paramètre qui décrit la croissance des structures dans l'Univers. Cette tension naît lorsque les valeurs calculées pour le S8 ne concordent pas selon deux méthodes différentes de mesure. Les résultats de cette étude pourraient concilier ces différences en montrant que la croissance des structures est en réalité plus lente que ce que le modèle standard avait prévu.
Nguyen et ses collègues cherchent à consolider davantage les preuves statistiques pour cette suppression de croissance. Ils s'interrogent également sur les propriétés inexplorées de l'énergie noire et de la matière noire, ou sur d'autres extensions possibles de la Relativité Générale et du Modèle standard.