La news rétro de ce dimanche dresse un petit historique technique et s'intéresse aux derniers progrès du téléphone en 1922.
Avertissement: Cette news rétro retranscrit des connaissances scientifiques, techniques ou autres de 1922, et contient donc volontairement les arguments, incertitudes et erreurs d'époque.
Le téléphone fut inventé en 1876 par le savant américain Graham Bell. Primitivement, l'appareil chargé de transmettre la parole à distance se composait d'une plaque de tôle mince
formant le fond d'une embouchure en ébonite. Cette plaque était fixée devant un électro-aimant dont les deux bobines étaient reliées par des fils aux bobines de l'appareil récepteur.
Quand on parlait dans l'embouchure, la plaque se mettait à vibrer et ces vibrations produisaient dans le champ de l'aimant une série de courants induits qui se transmettaient par les fils à la plaque du récepteur où elles déterminaient des vibrations identiques. Le poste transmetteur était identique au poste récepteur, c'est-à-dire que l'un et l'autre pouvaient alternativement remplir les fonctions de parleur et d'écouteur. Un courant très faible évalué en 100.000e d'ampères suffisait pour assurer ce véritable
transport de vibrations de la parole humaine.
Des résultats absolument probants furent obtenus dès l'origine par Graham Bell qui put faire entendre sa voix à plusieurs kilomètres. Il semblait que la portée du téléphone dût être limitée à 3 ou 4 kilomètres, quand un autre savant américain, Hugues, l'inventeur du télégraphe qui porte son nom, découvrit en 1880 un dispositif spécial qui permit d'augmenter considérablement la
puissance de l'appareil de Bell. Ce dispositif, en raison de son extrême délicatesse et de son aptitude à enregistrer les plus légères vibrations vocales, reçut le nom de
microphone.
Le microphone et le téléphone automatique
Le microphone se compose d'une baguette de charbon terminée en pointe aux deux bouts et reposant entre deux supports de charbon. Un peu de jeu est laissé entre les pointes et le creux des supports afin de permettre à la baguette d'enregistrer les moindres vibrations. Une planchette de sapin se trouve devant la baguette et lui communique, à mesure qu'on parle contre elle, les vibrations de la parole. Ces vibrations passant dans la baguette modifient sans cesse la résistance aux points de contact et font subir au courant des variations parallèles d'intensité.
En d'autres termes, quand on parle devant la planchette, les vibrations de la voix se communiquent de la planchette à la baguette dont les oscillations modifient l'intensité du courant selon un rythme identique. Et ces modifications du courant sont enregistrées au loin par la plaque de tôle du récepteur qui reproduit la voix avec sa force réelle, ses plus légères inflexions, son timbre.
Le microphone ne peut servir que comme transmetteur. Ces dernières années, la planchette de sapin a été remplacée par un transmetteur spécial en forme de cornet, ce qui facilite beaucoup les communications.
Par le microphone on réussit à étendre considérablement la portée du téléphone, et la voix peut être transmise à plusieurs centaines de kilomètres. Cependant une déperdition appréciable se produisait et la voix, au bout de 300 à 400 kilomètres, arrivait très atténuée. C'est alors qu'Edison imagina d'atténuer les pertes d'énergie en augmentant le voltage au départ et en l'abaissant à l'arrivée par le moyen d'un petit transformateur approprié. On put ainsi téléphoner à plus de mille kilomètres dans des conditions parfaites.
L'invention de téléphone prit, d'abord aux Etats-Unis et ensuite dans le monde entier, une extension considérable. Toutes les villes disposent maintenant de réseaux compliqués. Il est à souhaiter que l'usage du téléphone se développe encore et devienne à la portée de tout le monde. La maison électrique de l'avenir se complétera de postes téléphoniques perfectionnés à chaque étage, dans chaque appartement.
Signalons pour terminer un perfectionnement en usage dans certains pays (Suède, Etats-Unis, Italie): le
téléphone automatique. Cet appareil qui se compose d'une petite plaque tournante sur laquelle sont indiqués les chiffres de 0 à 9 permet de former soi-même le numéro de l'abonné avec qui on désire communiquer. On obtient ainsi la
communication en évitant l'intermédiaire parfois compliqué et toujours coûteux de la "demoiselle".
La mise au point du téléphone automatique pour des multiples de 50 à 80.000 abonnés est aujourd'hui parfaite. Paris sera-t-elle la dernière ville à appliquer cet ultime progrès du téléphone urbain ?