Saint-Quentin: une bien vieille renaissance !

Publié par Michel,
Source: CNRS
Illustration: © Cem, AuxerreAutres langues:
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Alors que l'on pensait que la refondation de la ville de Saint-Quentin remontait au VIIe siècle, la découverte de deux sarcophages du Ve siècle sous la basilique bouleverse les connaissances.

Contre toute attente, au moins 200 bougies peuvent être ajoutées au gâteau d'anniversaire de la ville de Saint-Quentin. Ce nouvel "âge" est attesté par la découverte de deux sarcophages du ve siècle, sous la basilique de la capitale picarde. Une découverte scientifique doublement importante, puisque ces sarcophages font partie des plus anciens trouvés dans le Nord de la Gaule !


Le sarcophage de Saint Quentin creusé sans doute au ixe siècle dans une colonne antique
en marbre est conservé dans la crypte carolingienne.

Certains textes laissaient entendre que la vie avait redémarré à Saint-Quentin autour du VIIe siècle, 400 ans après la destruction de la cité antique d'Augusta Viromanduorum située au même emplacement. "Aujourd'hui, nous avons la preuve indiscutable que Saint-Quentin reprit vie au moins deux siècles plus tôt", assure Christian Sapin, directeur du Centre d'études médiévales (Cem) d'Auxerre et responsable des campagnes de fouilles menées sous la basilique depuis cinq ans avec l'aide du ministère de la Culture et de la Communication, et des collectivités. Durant ces cinq campagnes, l'équipe découvre 6 ou 7 étages de sols successivement foulés par les fidèles venus se recueillir sur la tombe de Quentin, un Romain chrétien venu évangéliser la région, exécuté et devenu martyr. "Des hommes et des femmes ont souhaité se faire enterrer auprès de la tombe de saint Quentin, et ce sont eux, en un sens, qui sont à l'origine de la renaissance médiévale de l'ancienne cité antique", explique Christian Sapin.

Pour estimer l'ancienneté des niveaux, les scientifiques datent au carbone 14 des matériaux organiques comme le bois, des ossements ou du charbon trouvés à proximité. Ils usent de la même technique avec la douzaine de sarcophages retrouvés sur ce site. Parmi celles découvertes en juin dernier, deux sépultures se sont donc avérées plus anciennes que prévu: elles datent du ve siècle. Encore plus loin dans le sol et dans le temps, une structure en bois autour d'une fosse vide a été confectionnée au ive siècle. Il pourrait s'agir du premier emplacement de la tombe de Quentin. Mais au départ, l'endroit n'était certainement qu'un lieu de pèlerinage. Selon les archéologues, on peut raisonnablement penser que Saint-Quentin, en tant que ville, date du Ve siècle.

Surprise: la nouvelle datation concorde avec la légende qui auréole la fondation de la cité. L'histoire raconte qu'un Romain du nom de Quentin se serait rendu jusqu'en Gaule pour prêcher le christianisme durant la seconde moitié du IIIe siècle. Mais un préfet romain l'aurait fait arrêter à Amiens. Quentin aurait été exécuté et son corps jeté dans la Somme. Un demi-siècle plus tard, Eusébie, une dame romaine aveugle, aurait miraculeusement retrouvé la vue alors que la dépouille du martyr rejaillissait du fleuve. Dans sa gratitude, Eusébie aurait alors fait édifier à Quentin une première et humble chapelle. C'est à cet endroit précis qu'aurait été fondée la ville de Saint-Quentin... autour des IVe ou Ve siècles, donc. En cette période de transition entre Antiquité et Moyen Âge, le christianisme commençait seulement à émerger en Gaule. Mais déjà au Ve siècle le rayonnement du saint était tel que la chapelle est devenue un lieu d'inhumation puis de pèlerinage. Et l'archéologue de continuer: "Notre découverte est une preuve supplémentaire de la christianisation précoce du Nord de la Gaule."

L'année 2010 verra se dérouler la dernière campagne de fouilles. Christian Sapin reconnaît avoir la sensation qu'il reste encore des éléments à découvrir dans ce site certes restreint mais très dense. À l'avenir, cette relecture de l'histoire de la cité picarde pourra encourager d'autres fouilles pour étudier, par exemple, le développement des premiers habitats médiévaux dans la ville.
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