Il va falloir s'y habituer. Alors que ses instruments sont encore en phase de réglage et d'essais, la sonde spatiale américaine MRO (Mars reconnaissance Orbiter), récemment mise en orbite autour de la planète Mars, nous renvoie des images de la surface d'une précision jusqu'alors inégalée. Ce sont déjà plusieurs dizaines de clichés qui nous sont parvenus dont la résolution, souvent de moins d'un mètre, peut atteindre 25 cm suivant l'altitude de la sonde au-dessus de la surface. Les scientifiques ont commencé leurs investigations.
Photo 1. Ravines dans un cratère de Terra Sirenum 3 octobre 2006 ; 254 m x 254 m Cliquer sur l'image pour l'agrandir (144 Ko) Cliquer ici pour une vue globale (2,1 Mo)
Lors de sa première semaine d'observations à orbite basse, la sonde a déjà détecté de nouveaux éléments d'étude sur certaines caractéristiques environnementales récentes et historiques de la planète rouge. Les scientifiques espèrent que MRO permettra de répondre à diverses questions qui se posent quant à l'histoire et la répartition de l'eau sur Mars en combinant des données de son appareil photo à haute résolution, son spectromètre, sa caméra de contexte, son radar sondeur de surface, sa sonde atmosphérique, sa caméra couleur globale et ses accéléromètres.
Entre le 29 septembre et le 6 octobre 2006, les instruments du vaisseau spatial ont observé des dizaines de sites reflétant différents épisodes de l'histoire martienne. Ces sites divers fournissent un bon jeu d'essai pour tester les capacités des instruments. MRO commencera ses premières missions scientifiques début novembre lorsque Mars réapparaîtra de derrière le Soleil.
Les instruments ont perçu dans le détail les formes et la composition glaciaire de régions géologiquement jeunes à proximité du pôle Nord martien (photo 2). D'autres vues offrent les détails d'une vallée de latitude moyenne dont les couches supérieures ont été érodées, révélant une couche d'argile qui s'est formée il y a environ un milliard d'années, alors que les conditions étaient plus humides (photo 3). L'observation d'un cratère de l'hémisphère sud dévoile le détail très fin de ravines plus récentes, ayant probablement été découpées par une érosion hydraulique (photo 1).
"Dans cette phase préliminaire nous avons testé les instruments, et ils fonctionnent parfaitement", a déclaré le Dr. Steve Saunders, scientifique de la mission à Washington. "Les équipes acquièrent des données scientifiques étonnantes. Elles sont prêtes à accomplir les objectifs de la mission et à apporter leur support à d'autres missions martiennes. Une image va déjà permettre de guider le rover Opportunity dans son exploration du cratère Victoria". (voir notre news). "D'autres images permettront d'optimiser la sélection d'un site sûr pour l'atterrissage du futur Phoenix Mars Lander".
Dans Chasma Boreale, une vaste vallée qui émerge de la calotte polaire nord, le spectromètre de la sonde spatiale a détaillé les couches de terrain qui varient en fonction de la composition du sol et de sa teneur en glace. Une couche sous-jacente sombre contient peu de glace, et surplombe d'autres couches de matériaux plus riches en glace. Le spectromètre réalise des clichés en lumière visible et dans l'infrarouge pour identifier la composition de ses objectifs. La photo 2 ci-dessous présente un détail de cette région pris par l'appareil photo HiRISE.
Photo 2. Couches de terrains de la région polaire Le fond de Chasma Boreale est en bas de l'image 1er octobre 2006 ; 568 m de large ; Résolution 64 cm Cliquer sur l'image pour l'agrandir (203 Ko)
Mawrth Vallis se situe à des latitudes plus basses. La sonde spatiale européenne Mars express avait auparavant découvert des dépôts anciens de minéraux argileux qui n'avaient pu se constituer que si de l'eau avait séjourné suffisamment longtemps à cet endroit. Le spectromètre de MRO a permis d'analyser à échelle plus petite leur composition et a détecté différentes teneurs en argile. Les zones les plus richement argileuses sont les régions offrant les conditions les plus favorables à une présence passée de vie sur Mars (photo 3).
Photo 3. Diversité des matériaux dans Mawrth Vallis Les zones lumineuses sont les plus riches en argile 1er octobre 2006 ; 235 m de large ; Résolution 25 cm Cliquer sur l'image pour l'agrandir (256 Ko)