Rétro 1900: Mémento de l'amateur photographe

Publié par Publication le 05/09/2004 à 10:46
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1 - Introduction

A l'heure des appareils photos numériques, nous vous proposons de retourner plus d'un siècle en arrière pour étudier les technologies des appareils photos d'époque. Rédigé sous la forme d'un guide, ce dossier nous présente les techniques du photographe amateur de 1900.

L'auteur est Michel Sant (Michel sur le forum).

Introduction



Actuellement, tout le monde fait de la photographie. Petit ou grand, chacun possède un appareil plus ou moins coûteux, plus ou moins parfait; chacun sait braquer l'objectif et presser la poire de l'obturateur, mais quand il s'agit d'obtenir une "photographie" présentable, que d'insuccès, que de déboires, que de "ratés" dont l'opérateur, novice ou distrait est souvent loin de s'accuser tout le premier.



D'un été à l'autre on oublie tel petit détail, telle minime précaution, dont l'importance est capitale, et voilà toute une série de plaques gâchées.
Aussi c'est aux photographes d'occasion, photographes d'une saison - et non point aux véritables "amateurs" documentés et expérimentés - qu'est destiné ce mémento, où sont rappelées les choses indispensables à savoir pour réussir une épreuve.



Source et illustrations pour tout le dossier: Almanach Hachette 1902

2 - L'appareil de prise de vues



Avant tout, connaissez parfaitement le maniement de votre appareil. Au moment de l'achat, faites-vous le démontrer minutieusement dans tous ses détails et prenez des notes sur votre calepin ; tous les prospectus et toutes les brochures explicatives ne valent point une bonne démonstration "l'objet en mains".



Mettez-vous bien dans la tête et dans la main le mécanisme de l'obturateur à poire ou au doigt, celui des diaphragmes, du viseur, du compteur de plaques exposées ; rendez-vous un compte exact du mode de chargement: comment placer et changer les rouleaux (si vous employez les pellicules) comment garnir et placer les châssis (si vous employez les plaques au gélatino-bromure) dans le magasin ad hoc ; comment les amener derrière l'objectif, et, une fois exposées, comment les escamoter et les numéroter par une opération nouvelle.

Répétez souvent à vide cette triple manipulation:
l) l'empilage des châssis chargés ;
2) l'exposition ;
3) l'escamotage: il y a parfois - selon les appareils - dans l'empilage par exemple, tel petit détail à observer qui, omis, compromettra entièrement l'escamotage ultérieur et vous causera, en pleine campagne, les plus grands ennuis.

3 - Chargement de l'appareil



Avec les pellicules, la substitution du rouleau neuf à celui qui est impressionné, se fait le plus simplement du monde, en plein jour. Avec les plaques et les châssis, il faut se mettre à l'abri de toute lumière blanche.



SI vous avez un "laboratoire" éclairé selon les règles (vitre rouge et jaune) c'est parfait ; sinon vous en improviserez un, qui vous servira aussi pour l'opération du développement.

Le jour, dans un cabinet ou une cave obscure, une armoire profonde, etc., éclairés par une lanterne photographique.

La Nuit, dans une pièce quelconque aux volets et rideaux fermés avec soin. Méfiez-vous du clair de lune, des réverbères, des jointures de portes non étanches, et même de la cigarette allumée, quand vous employez des plaques orthochromatiques, c'est-à-dire sensibles au jaune et au rouge.

Il existe du reste des dispositifs spéciaux très ingénieux, mais peut-être pas très pratiques, qui permettent de se créer instantanément n'importe où, en plein soleil si l'on veut, un laboratoire suffisant pour le chargement des châssis et pour le développement.



En Voyage, en chargeant vos châssis, prenez garde d'y placer les plaques de façon que la surface sensible (gélatine) soit bien du coté de l'objectif. Aussi bien, avec un peu d'habitude, on arrive à garnir ses châssis sans l'aide d'aucun éclairage ; sans trop se servir du palper (qui peut laisser des traces ennuyeuses pour plus tard, si les doigts sont moites), il suffit de remarquer comment les plaques sont rangées dans leur boîte d'origine - généralement gélatine contre gélatine - pour s'y reconnaître aisément.

Ainsi, en voyage, dans une chambre d'hôtel mal protégée contre la lumière même la nuit, on peut dégarnir et regarnir son appareil en opérant sous les draps et les couvertures de son lit, à l'aide du seul toucher, sans rien voir.

N'oubliez pas qu'une brosse douce en blaireau passée sur la gélatine de la plaque en chasse toutes les poussières susceptibles de donner plus tard sur l'épreuve des points blancs disgracieux.

4 - La Pose



Voici l'appareil chargé ; vous allez pouvoir exposer une plaque: n'oubliez pas de viser votre sujet et de le mettre au point, automatiquement selon les repères gravés sur l'appareil, ou au moyen du verre dépoli ; pensez à armer l'obturateur en réglant sa vitesse, à ôter le bouchon de l'objectif, à diaphragmer comme il faut (plus vous voulez faire grand et de près, plus vous voulez de détails et de profondeur, plus il faut diaphragmer petit, au détriment de la rapidité bien entendu) ; pour l'instantané, toujours grand diaphragme, à moins d'objectif de toute première marque. Enfin tirez le volet qui sépare la plaque de l' objectif.



Rappelez-vous qu'en passant rapidement d'un endroit frais au plein soleil, ou d'un lieu chaud au froid, une légère buée se formera sur l'objectif, suffisante pour causer un "raté" ; donc, dans les deux cas, attendez deux minutes avant d'opérer.

Vous avez exposé une plaque le temps jugé nécessaire et avec le diaphragme approprié: (le choix du diaphragme est capital, ne l'oubliez pas) si votre appareil le comporte, escamotez tout de suite, et numérotez au moyen du compteur, s'il n'est point automatique ; sinon, fermez le volet du châssis et inscrivez aussitôt en haut sur la petite ardoise ad hoc: posé, tel sujet.

5 - Le développement



Il s'agit maintenant de développer cette plaque, c'est-à-dire de faire apparaître l'image latente sur la couche de bromure d'argent impressionnée par la lumière.

Pour cela retournons au laboratoire (improvisé ou non) où nous avons:
1) un bain révélateur ou développateur (à base d'hydroquinone, d'iconogène, de pyrogallol, de métol, etc.);
2) un bain fixateur d'hyposulfite de soude (200 gr. p.1000).

Le Révélateur est l'ennemi du Fixateur. Mettez-vous bien dans l'esprit que ces deux bains ne doivent jamais se toucher, jamais se mélanger, que la moindre trace d' hyposulfite dans le révélateur, le gâte complètement et perd irrémédiablement toutes les plaques qu'on y plongera désormais.

Ayez donc deux cuvettes facilement reconnaissables: une blanche pour le développement, une noire pour le fixage et tenez les éloignées l'une de l'autre, sur deux rayons différents si possible.



Dans la cuvette blanche: versez dans la cuvette blanche de 100 à 150 CC de bain révélateur (bain neuf pour les instantanés, bain vieux pour les posés), plongez-y d'un seul coup, en évitant les bulles d'air, la plaque à développer la gélatine en dessus, et remuez doucement, régulièrement.

Les grands noirs du négatif - correspondant aux grands blancs (ciel, mer, etc.) du sujet - apparaîtront les premiers.



Sortez de temps en temps la plaque en la tenant par les bords (il y a des pinces spécialement destinées à cet usage) et regardez-la par transparence, devant la lumière rouge ; bientôt les demi-teintes se précisent, les minces détails des ombres se révèlent ; le négatif - contrepartie de la nature - se renforce, s'épaissit, se brouille même un peu.

Regardez de temps à autre le dos de la plaque (côté du verre); quand les grands noirs s'y dessinent vigoureusement, vous pouvez en général arrêter le développement (mais cela dépend des marques de plaques et l'expérience, vite acquise, est le meilleur guide), qui doit toujours paraître un peu trop poussé.



Dans la cuvette noire: sortez votre négatif, égouttez-le au-dessus du bain, et lavez-le 1 ou 2 minutes à grande eau pour éliminer l'excès de révélateur, puis plongez-le dans le bain fixateur (cuvette noire), toujours gélatine en dessus.

Retirez-le, lorsque le dos de la plaque a complètement perdu son aspect laiteux, blanchâtre, opalin ; c'est qu'alors tout l'argent qui n'avait point été réduit par la lumière, est dissous ; le négatif est terminé, il peut voir le jour. (Du reste les 3/4 du fixage peuvent se faire à la seule lumière jaune).



Il faut maintenant éliminer toute trace de fixateur ou d'hyposulfite, par un lavage prolongé de 1 à 2 heures dans l'eau courante, sous peine de voir le négatif s'altérer au bout de peu de temps.

6 - Les conseils de l'Expert



Au cours de ces manipulations, méfiez-vous toujours de l'hyposulfite. Gare aux doigts "contaminés", gare aux éclaboussures dans le révélateur ou sur les plaques neuves. Si vous développez plusieurs clichés à la fois, réservez une main - la gauche par exemple - pour manier les plaques dans le révélateur, et l'autre, la droite, pour surveiller le fixage.

C'est le meilleur moyen de s'épargner des lavages minutieux après tout contact, si léger soit-il, avec le dangereux hyposulfite, au cours du développement de plusieurs clichés.

Bain neuf et bain vieux: le révélateur neuf qui aura servi au développement de plusieurs instantanés (6 à 10 en moyenne) sera mis dans un flacon spécial, sous l'étiquette de bain vieux (c'est-à-dire moins intense et. moins rapide), destiné au développement des "posés".

Quant au bain fixateur, il peut servir fort longtemps, tant qu'il n'est pas complètement trouble ou coloré. L'addition d'un peu de sulfite de soude le conserve bien.



Une fois votre négatif dûment lavé, souvenez-vous que vous pourrez le durcir (si la gélatine se décolle) au moyen de l'alun, le renforcer (s'il est trop faible) au moyen du bichlorure de mercure et de l'ammoniaque, le réduire (s'il est trop "poussé"), au moyen du ferrocyanure de potassium, et enfin le sécher presque instantanément, en l'immergeant 2 minutes dans de l'alcool à 90° avant de le placer sur le séchoir.

Pendant le séchage, méfiez-vous du soleil, qui, trop intense, fait rapidement fondre la gélatine ; l'ombre et un courant d'air sont préférables.

7 - Après le Négatif, le Positif



Vous voilà donc en possession d'un bon négatif ; il ne reste plus qu'à en tirer une épreuve positive sur papier - ou sur bois - ou sur soie - ou sur verre. Mais actuellement la variété des papiers ou autres supports "sensibles" est telle et les manipulations qu'ils réclament sont tellement différentes selon leur composition, que nous n'insisterons pas.

Rappelons seulement que le tirage comprend en général trois opérations:

1) l'exposition du papier sensible derrière le négatif, à la lumière diffuse (et non en plein soleil) sous un châssis-presse qui permet de surveiller la venue de l'image, qu'il faut généralement pousser à un ton un peu plus foncé que celui qu'on désire obtenir.



2) Le virage, qui éclaircit l'épreuve et lui donne sa coloration définitive.

3) Le fixage, qui au moyen de l'hyposulfite de soude, débarrasse le papier de l'argent en excès.

Quand on vise l'obtention de positifs sur verre (employer des plaques diapositives spéciales au chlorure ou au lactate d'argent) on expose la plaque mise au contact du négatif dans le châssis-presse, à la flamme d'un bec de gaz ou d'une lampe et on la développe ensuite comme si l'on voulait obtenir un négatif.

Certains papiers (au gélatino-chlorure d'argent) s'emploient de même, se développent de même, et donnent sans virage, de très belles épreuves mates à tons noirs.

Enfin, pour les gens pressés, nommons le papier au ferroprussiate, qui donne des épreuves d'un beau bleu après exposition dans le châssis-presse et un simple lavage à l'eau.

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