Le risque d'avoir des problèmes de santé conduisant à une consultation médicale est 2,2 fois plus élevé chez les gens insatisfaits de la température qui règne dans leur logement pendant l'été.
Les citadins dont la santé est affectée par les vagues de chaleur estiment que leurs problèmes ont deux causes principales: la température trop élevée à l'intérieur de leur logement et l'impression d'habiter un quartier pollué par les automobiles. Voilà la conclusion à laquelle arrive une équipe de l'Université Laval et de l'INRS qui s'est penchée sur les caractéristiques des quartiers défavorisés où les vagues de chaleur font le plus durement sentir leurs effets au Québec.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la probabilité que le nombre de journées et de nuits chaudes s'accroisse d'ici la fin du 21e siècle se situe quelque part entre 99 et 100%. La durée et la fréquence des vagues de chaleur seront à l'avenant. Pour se préparer à ces lendemains qui chauffent et parer leurs répercussions sur la santé, il est important d'identifier les groupes les plus susceptibles d'en souffrir ainsi que les principales causes de leurs ennuis.
C'est ce qu'ont fait Diane Bélanger, de l'INRS, Pierre Gosselin et Belkacem Abdous, de la Faculté de médecine, et Pierre Valois, de la Faculté des sciences de l'éducation. Pour mener cette étude, les chercheurs ont supervisé une enquête auprès de 3 485 personnes vivant dans les secteurs les plus défavorisés des 9 villes du Québec qui comptent plus de 100 000 habitants. Premier constat rapporté par les chercheurs dans la revue Health & Place: 46% des personnes interrogées ont dit que leur santé physique ou mentale était affectée par les grandes chaleurs estivales. Chez 12% des répondants, les malaises étaient suffisamment graves pour nécessiter une visite médicale.
Le risque d'avoir des problèmes de santé conduisant à une consultation médicale est 2,2 fois plus élevé chez les gens insatisfaits de la température qui règne dans leur logement pendant l'été. Ce même risque est 1,9 fois plus élevé si les gens estiment qu'il y a un problème de pollution de l'air causé par la circulation automobile dans leur secteur. "Ce risque accru pourrait bien résulter de la proximité des autoroutes, de vastes surfaces de béton et d'asphalte dépourvues de végétation qui créent des îlots de chaleur", avance Pierre Gosselin. Ce sont les personnes dont la santé est déjà fragile qui sont les plus susceptibles de consulter un médecin en raison de malaises associés à la chaleur. Le stress thermique viendrait exacerber les problèmes chroniques qui les affligent.
Selon le professeur Gosselin, les indicateurs mis en lumière par cette étude pourraient servir à identifier, lors de recensements ou de sondages, les sous-groupes les plus à risque de souffrir de problèmes de santé lors des vagues de chaleur. Ces informations pourraient être utilisées par les autorités civiles pour localiser les secteurs où habitent les personnes à qui il faut rapidement dispenser de l'aide pendant les canicules. "On pourrait aussi y avoir recours pour cibler les secteurs où il faut implanter en priorité des programmes préventifs d'adaptation aux changements climatiques en milieu urbain, améliorer les logements et créer des parcs", ajoute le chercheur.