Les anomalies saisonnières, telles que la douceur de l'hiver et l'automne 2014 en France ou les faibles chaleurs de l'été 2014 au Japon, ont une influence non négligeable sur le bilan des émissions de CO2 des pays. Si, sur le long terme, l'activité économique d'un pays est le premier facteur impactant les évolutions des émissions de CO2, les chercheurs montrent que les anomalies météorologiques inter-annuelles ont aussi un effet mesurable sur les émissions d'un grand nombre de pays, en lien avec les besoins en chauffage et en climatisation. Cet impact est particulièrement important pour les pays de l'Europe de l'Ouest (France, Allemagne, Angleterre, Pologne...), et atteint typiquement 1 kg de CO2 émis par degré de chauffage supplémentaire, par jour et par personne. L'étude, menée par un trio de chercheurs du LSCE (CNRS/CEA/UVSQ, Université Paris Saclay), de l'IPSL (CNRS/UPMC) et du Ministère de l'Ecologie, de l'Energie et de la Mer (MEEM), est parue sur le site d'Environment Research Letters.
Pour évaluer l'impact du climat sur les émissions de CO2, les chercheurs ont étudié les variations de ces émissions sur un grand nombre de pays entre 1990 et 2015. Ils ont séparé avec des méthodes statistiques les effets de l'activité économique (PIB et efficacité énergétique) de ceux du climat. La douceur de l'hiver et l'automne 2014 a ainsi contribué à la baisse exceptionnelle des émissions de CO2 en France cette année-là (de l'ordre de - 6 %), du fait d'un besoin de chauffage moindre. Le même impact est observé sur l'été 2014 au Japon, moins chaud, et limitant les recours à la climatisation. L'impact de tels événements a été chiffré à environ 1 kg CO2 / °C supplémentaire de chauffage, par jour et par personne.
À l'échelle mondiale, ces variations d'émissions de CO2 liées à des anomalies climatiques saisonnières se compensent partiellement entre pays, mais restent néanmoins perceptibles. Ainsi, la faible hausse des émissions en 2014 au niveau mondial (qui fut une relative surprise compte tenu de la croissance soutenue de l'activité économique) peut être en partie expliquée par la météorologie particulière de cette année-là, en comparaison aux années précédentes.
A contrario, les effets météorologiques ne suffisent pas à expliquer la stabilisation des émissions mondiales en 2015, en rupture avec leur augmentation constante observée depuis le début des années 1990. Une telle stagnation n'avait été mesurée qu'à l'occasion de la crise économique de 2008-2009.