Comment une comète venue d'un autre système stellaire peut-elle présenter une queue pointant vers le Soleil ? Ce phénomène contre-intuitif, observé pour la première fois sur un visiteur interstellaire, intrigue les astronomes. En approche de notre étoile, la comète 3I/ATLAS a en effet dévoilé une queue anti-solaire, alors que les queues cométaires s'éloignent habituellement sous l'effet du vent solaire.
Non seulement la présence de cette queue orientée vers le Soleil est rare, mais les chercheurs ont découvert bien plus. En étudiant la comète sur plusieurs nuits, ils ont repéré des structures de jets à l'intérieur de cette queue inhabituelle. Ces jets affichaient un mouvement oscillant régulier, évoquant une danse au rythme de la rotation du noyau glacé de la comète.
Image centrale: La comète interstellaire 3I/ATLAS capturée par le télescope spatial Hubble en novembre, avec une lueur bleue caractéristique. Crédit: NASA, ESA, STScI, D. Jewitt (UCLA) ; traitement d'image: J. DePasquale (STScI)/ Serra-Ricart, Licandro, et Alarcon
Pour ces observations, les astronomes ont utilisé le Two-meter Twin Telescope aux îles Canaries, ce qui a permis de suivre l'évolution de la comète. Les jets ont été visibles pendant sept nuits en août, et leur oscillation toutes les 7 heures et 45 minutes a permis de déduire la rotation du noyau. Celui-ci tournerait sur lui-même en environ 15 heures et demie, un rythme plus rapide que précédemment estimé.
3I/ATLAS n'est que le troisième objet interstellaire connu après 'Oumuamua et 2I/Borisov, ce qui rend toute observation de son comportement particulièrement informative. Contrairement à ses prédécesseurs, c'est la première fois qu'un tel dégazage avec des jets oscillants est observé chez une comète venue d'ailleurs. Cela offre une possibilité d'étudier la physique d'un corps formé dans un autre système planétaire.
Les résultats ont été partagés sur le site de prépublication arXiv, offrant un aperçu détaillé des mécanismes en jeu. Alors que la comète s'éloigne maintenant du Système solaire, les données recueillies continuent d'alimenter les analyses. Chaque détail, comme la transformation de la chevelure en queue anti-solaire, contribue à comprendre comment ces visiteurs lointains interagissent avec notre environnementstellaire.
L'étude de 3I/ATLAS ouvre ainsi une fenêtre sur la diversité des comètes dans la Galaxie. Bien que l'objet quitte bientôt notre voisinage, les connaissances acquises resteront. De futures découvertes similaires pourraient permettre de comparer ces comportements avec ceux des comètes natives de notre Système solaire.
Que sont les comètes interstellaires ?
Les comètes interstellaires sont des objets glacés qui voyagent entre les étoiles, provenant de systèmes planétaires autres que le nôtre. Contrairement aux comètes du Système solaire, elles ont été éjectées de leur lieu d'origine par des perturbations gravitationnelles, peut-être dues à des planètes géantes ou à des rencontres stellaires. Leur trajectoire hyperbolique les amène à traverser notre système de manière temporaire, offrant un aperçu direct de matériaux formés ailleurs.
L'identification de ces visiteurs repose sur leur vitesse et leur orbite, qui indiquent qu'ils ne sont pas liés gravitationnellement au Soleil. Jusqu'à présent, seuls trois ont été confirmés, dont 3I/ATLAS. Leur rareté rend chaque observation précieuse, car elles peuvent révéler des différences de composition ou de structure par rapport aux comètes locales.
L'étude de ces comètes aide les scientifiques à tester des modèles sur la formation des systèmes planétaires. En analysant leur noyau, leur chevelure et leur queue, on peut inférer les conditions qui régnaient dans leur système d'origine. Cela permet de mieux comprendre si les processus à l'œuvre dans notre Système solaire sont universels ou distincts selon les environnements galactiques.
Les futures missions spatiales ou améliorations des télescopes pourraient augmenter le nombre de détections. Chaque nouvelle comète interstellaire apporte des indices sur la fréquence de tels objets et leur rôle dans la distribution de matériaux à travers la Galaxie, éclairant ainsi l'histoire de la formation stellaire et planétaire.