Alaska: une population relique de chèvres de montagne

Publié par Isabelle le 01/12/2011 à 00:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Surprise en Alaska, les analyses génomiques ont révélé que les chèvres de montagne de l'île Baranof sont génétiquement distinctes de la population dont on les croyait issues. Ici, une mère et son petit dans la région de Bear Creek en Alaska.
Photo: Christian Mehlführer
Des biologistes découvrent une population relique de chèvres de montagne.

Des chercheurs ont découvert ce qui pourrait être les descendants d'une population relique de chèvres de montagne sur l'île Baranof en Alaska. "C'est un peu par hasard que nous avons fait cette découverte, explique Steeve Côté, professeur au Département de biologie et chercheur au Centre d'études nordiques. Nous faisions une étude génomique de la chèvre de montagne à partir d'échantillons récoltés dans toute l'aire de répartition de l'espèce et nos résultats indiquaient quelque chose d'inédit pour les chèvres de l'île Baranof."

En 1923, 18 chèvres de montagne capturées à Tracy Arm en Alaska ont été introduites sur l'île Baranof, située à environ 300 km plus à l'ouest, en bordure du Pacifique. Les nouvelles venues se sont trouvées à l'aise sur cette île de 169 km par 48 km et elles ont proliféré. En dépit de la chasse, leur population atteint maintenant 1300 têtes.

Les analyses génomiques effectuées par les chercheurs ont toutefois livré des résultats surprenants. Les spécimens de l'île Baranof sont génétiquement distincts de ceux de Tracy Arm, dont ils sont théoriquement les descendants directs. Les chèvres de l'île de Baranof possèdent un gène dont la forme n'existe pas dans un rayon de 100 km autour de l'endroit où leurs présumés ancêtres ont été capturés. Dans toute l'aire de répartition de l'espèce, seules les chèvres situées au nord-est de l'île Baranof possèdent la même forme de ce gène.

L'explication la plus vraisemblable? "Au moment de l'introduction en 1923, une population cryptique de chèvres de montagnes était déjà présente sur l'île, avance Steeve Côté. Les chèvres qui vivent aujourd'hui sur l'île Baranof sont les descendants du croisement de ces deux populations." La population indigène de chèvres de montagne de l'île Baranof serait issue de spécimens qui y auraient trouvé refuge lors des dernières glaciations. Cette population aurait vécu en isolement depuis. L'existence du même gène dans des populations vivant au nord-est de l'île Baranof s'expliquerait par la migration de quelques chèvres qui auraient gagné le continent à la nage.

Les chercheurs ont mis la main sur des documents datant du 19e siècle, à l'époque où l'Alaska était une colonie russe, qui font état de la présence d'un mammifère à long pelage blanc sur l'île Baranof. Son nom russe, iaman, se traduirait par chèvre ou mouton sauvage, ce qui appuie l'hypothèse selon laquelle une population de chèvres de montagne existait sur l'île avant 1923.

Aaron Shafer, David Coltman (U. de l'Alberta), Kevin White (Alaska Department of Fish and Game) et Steeve Côté ont publié les détails de cette étude dans deux articles parus au cours des derniers mois dans Evolution et Conservation Genetics. Les chercheurs recommandent que le caractère distinct de la population de chèvres de montagne de l'île Baranof soit reconnu dans les plans de conservation de cette espèce.
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