Le cancer de la prostate gagne du terrain: aux armes !

Publié par Adrien,
Source: Université de Sherbrooke - Pauline NavalsAutres langues:
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Par Pauline Navals, doctorante en chimie

"Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu*". En 2019, le cancer de la prostate reste encore et toujours le cancer le plus diagnostiqué chez les hommes.


Pauline Navals, doctorante en chimie.
Photo: fournie par Pauline Navals

Chaque jour, onze hommes perdent la vie face à ce fléau, pourtant connu pour être lent et conciliant. Malheureusement, le cancer de la prostate existe sous plusieurs formes. L'une d'entre elles est particulièrement agressive et ne répond à aucune attaque des scientifiques les plus invétérés. Pire, elle est persistante et apparait souvent lorsque l'on pense que le cancer a été vaincu.

Une armée de chercheurs du laboratoire du professeur Robert Day, armée à laquelle j'appartiens, se bat depuis une décennie dans le but de trouver un traitement efficace. Et nous avons enfin un plan d'attaque. Nous avons développé il y a maintenant quelques années une molécule capable de bloquer la progression des tumeurs, et ce, à tous les stades de la maladie. Cependant, cette molécule est majoritairement naturelle. D'un côté, cette caractéristique la rend très efficace et presque dépourvue d'effets secondaires, de l'autre, fragile et facile à éliminer par le corps humain. Pour devenir une véritable arme de destruction face au cancer, elle a besoin de monter en grade ! Elle doit rester assez longtemps dans la circulation sanguine, le tout en bon état et être libérée auprès des tumeurs. Le 14 février 2019, nous avons partagé une méthode permettant de répondre à ces trois critères dans la revue Scientific Reports. Une méthode 3 en 1 en somme.


Mécanisme d'action d'une méthode 3 en 1 innovante contre le cancer de la prostate.
A) Le médicament lié au transporteur Albumine traverse le corps humain et voyage au travers de la circulation sanguine.
B) À proximité de la prostate et des cellules cancéreuses, le lien entre le médicament et son transporteur est reconnu puis rompu par la substance T.
C et D) Le médicament enfin seul et au niveau des tumeurs peut faire son travail et attaquer le cancer. Figure réalisée sur Biorender.com

Pour la comprendre, il faut savoir que dans le sang il existe un grand nombre de grosses molécules. L'albumine en fait partie et son rôle est simple. Elle transporte d'autres molécules, bien plus petites, au travers de la circulation sans quoi ces dernières seraient éliminées. Imaginons un instant que l'on puisse, à la place de ces petites molécules, y accrocher la nôtre. Elle serait capable de voyager à travers le corps humain sans jamais être dégradée ou éliminée. Mais comment être sûr qu'elle se rende au niveau des tumeurs ? En plus d'un transporteur, nous avons besoin d'un système de guidage.

Lorsque le cancer atteint la prostate, celle-ci se met à produire une substance appelée substance T et nous savons comment l'exploiter. Nous avons développé un lien chimique capable de fixer le médicament à son transporteur, l'albumine, mais également capable d'être rompu par la substance T. Ainsi, la molécule peut voyager à l'abri dans le corps humain et être libérée uniquement à l'approche de sa cible. Tout ça, nous l'avons testé et ça marche ! Notre molécule reste en circulation pendant près de 19 jours. Elle pénètre les tumeurs sans rencontrer d'obstacles et elle y reste ! Cette méthode de ciblage sans précédent est une avancée majeure en ce qui concerne le développement de molécules efficaces. Mais serons-nous capables de l'adapter ? De la généraliser ? Rien n'est moins sûr. Mais soyez-en certains, nous continuerons le combat sans relâche.
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