Un minuscule oisillon de colibri en Amérique centrale a développé une stratégie de survie étonnante. Pour échapper à ses prédateurs, il imite les mouvements d'une chenille venimeuse.
Un oisillon de colibri à cou blanc dans son nid, imitant une chenille venimeuse. Crédit: Michael Castaño-Díaz
Lors d'une expédition dans la forêt tropicale du Panama, des biologistes ont observé un comportement inédit chez un oisillon de colibri à cou blanc. Ce dernier, recouvert d'un duvet brun, agitait sa tête de manière saccadée, un comportement typique des chenilles venimeuses de la région. Cette découverte suggère une forme rare de mimétisme entre un oiseau et un insecte.
Les chercheurs ont documenté cette observation dans la revue Ecology, marquant la première preuve d'un tel mimétisme chez les colibris. L'équipe, dirigée par Jay Falk, a été surprise par la similitude entre les mouvements de l'oisillon et ceux des chenilles locales, connues pour leur toxicité.
Le mimétisme de Bates, où une espèce inoffensive imite une espèce dangereuse, est bien documenté chez les insectes et les serpents. Cependant, ce cas entre un vertébré et un invertébré est exceptionnel. Les scientifiques envisagent maintenant des expériences pour confirmer cette hypothèse.
L'oisillon secoue sa tête comme une chenille lorsque les chercheurs approchent. Crédit: Jay Falk/CU Boulder et The Smithsonian Tropical Research Institute
Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives sur les stratégies de survie des oiseaux dans les forêts tropicales. Les chercheurs encouragent les observations citoyennes pour recueillir plus de données sur ce phénomène. La nature continue de révéler des interactions insoupçonnées entre espèces.
L'étude souligne l'importance de l'observation minutieuse dans la compréhension de la biodiversité. Les forêts tropicales, riches en espèces, recèlent encore de nombreux mystères. Ce cas de mimétisme pourrait n'être que la pointe de l'iceberg.
Les prochaines étapes incluent des expériences avec des leurres pour tester l'efficacité de cette stratégie. Les chercheurs espèrent ainsi mieux comprendre comment les oisillons échappent à leurs prédateurs dans un environnement aussi hostile.
Qu'est-ce que le mimétisme de Bates ?
Le mimétisme de Bates est une stratégie évolutive où une espèce inoffensive imite l'apparence ou le comportement d'une espèce dangereuse pour se protéger des prédateurs. Ce phénomène a été décrit pour la première fois par le naturaliste Henry Walter Bates au XIXe siècle.
Dans le cas du colibri à cou blanc, l'oisillon imite les mouvements et peut-être l'apparence d'une chenille venimeuse. Cette imitation réduit les chances d'être attaqué par des prédateurs qui associent ces signaux à un danger.
Ce type de mimétisme est courant chez les insectes, comme les papillons non venimeux qui ressemblent à des espèces toxiques. Cependant, il est rarement observé entre des groupes d'animaux aussi différents que les oiseaux et les insectes.
L'étude de tels cas aide les scientifiques à comprendre comment les pressions évolutives façonnent les comportements et les apparences des espèces dans des écosystèmes diversifiés.