Dans la revue Nature, Emmanuel Mahieu, géophysicien de l'ULg, a observé contre toute attente une ré-augmentation de la concentration de gaz chlorés dans la stratosphère de l'hémisphère Nord entre 2007 et 2011. Pas de crainte cependant: le phénomène est temporaire et son origine a été identifiée. Par ailleurs, les mesures de limitation des émissions de CFC s'avèrent efficaces pour restaurer la couche d'ozone.
Illustration: UCL
Alors que la couche d'ozone - qui nous protège des effets destructeurs des UV et qui a été abondamment détruite par l'activité industrielle et humaine depuis le début des années 80 - commence à montrer les premiers signes d'un rétablissement progressif sous l'effet des mesures internationales limitant les émissions de CFC (chlorofluorocarbures), la quantité de chlore (principal destructeur de l'ozone) observée dans la stratosphère a à nouveau augmenté dans l'hémisphère Nord entre 2007 et 2011. Ce constat, d'abord fondé sur des mesures effectuées à la station du Jungfraujoch a ensuite été confirmé, notamment à l'aide de donnéessatellites. Dans la revue Nature, une équipe internationale de chercheurs menée par Emmanuel Mahieu de l'Université de Liège, attribue ce phénomène à une variation inattendue de la circulation atmosphérique. Les chercheurs rassurent cependant: le phénomène est temporaire et les mesures environnementales montrent leur efficacité.
L'ozone est un gaz dynamique dont la formation et la destruction résultent d'un cycle naturel bien régulé. Il forme dans l'atmosphère une couche qui protège la Terre des effets néfastes des UV. C'est dans les Tropiques que l'ozone se forme massivement, sous l'effet de ces UV, avant de migrer vers les pôles où il est "stocké" pendant les périodes froides et d'être redistribué vers les deux hémisphères au retour du printemps.
Illustration: UCL
Ces modèles ont montré que les zones caractérisées par une augmentation inattendue d'HCl avaient, en effet, connu un ralentissement de la circulation de l'air et donc, une augmentation du temps de transport des composants à haute altitude. Ainsi exposées plus longuement aux UV, les molécules CFC ont généré de plus grandes quantités d'HCl d'abord et de chlore ensuite vers des couches plus basses de l'atmosphère.
"Ceci explique pourquoi, sans émission plus importante de gaz chlorés au sol, la stratosphère a temporairement subi une nouvelle invasion de l'atome de chlore destructeur de la couche d'ozone", explique Emmanuel Mahieu.
"Nous ignorons les raisons de ce ralentissement momentané de la circulation atmosphérique, mais ce qui est rassurant, c'est que nous ne sommes pas face à un phénomène qui s'étend au reste du globe après transport et homogénéisation de l'atmosphère. Dans son ensemble, la concentration en chlore continuera de baisser", conclut Emmanuel Mahieu.