La Terre est entourée d'un environnement magnétique riche en ondes ultrabasses inaudibles pour l'oreille humaine, représentant le lien tumultueux entre notre planète et le Soleil. Un nouveau projet de science citoyenne financé par la NASA, appelé HARP (Heliophysics Audified: Resonances in Plasmas), a transformé ces ondes en sifflements, grincements et chuintements audibles. Les premiers tests ont déjà révélé des découvertes surprenantes, et tout un chacun est invité à participer à cette exploration sonore de l'espace pour décrypter les vibrations cosmiques qui façonnent la symphonie du Soleil et de la Terre.
En 2007, la NASA a lancé cinq satellites dans le cadre de la mission Time History of Events and Macroscale Interactions during Substorms (THEMIS). Répartis dans la magnétosphère, les engins spatiaux THEMIS ont étudié comment le plasma et l'énergie se déplaçant dans l'environnement terrestre déclenchent différents types d'aurores (aurores boréales et australes). En 2010, deux satellites ont été réaffectés pour étudier l'environnement lunaire, mais les trois autres continuent d'étudier la magnétosphère terrestre et les aurores. Crédits: NASA/Goddard Space Flight Center Conceptual Image Lab
Michael Hartinger, le chercheur principal du projet et hélio-physicien à l'Institut des sciences spatiales du Colorado, est particulièrement enthousiaste à l'idée que les "scientifiques citoyens" puissent contribuer à la recherche en hélio-physique grâce à l'analyse audio. L'espace entre la Terre et le Soleil n'est pas totalement vide, mais contient un plasma chargé de particules, émis par le Soleil sous forme de vent solaire et d'éruptions solaires sporadiques. Lorsque ce plasma solaire frappe la Terre, il fait vibrer les lignes de champ magnétique et le plasma terrestre, produisant des ondes ultrabasses.
En 2007, la NASA a lancé cinq satellites pour traverser la magnétosphère terrestre, dans le cadre de la mission THEMIS (Time History of Events and Macroscale Interactions during Substorms). Depuis lors, THEMIS recueille des informations précieuses sur les ondes de plasma dans la magnétosphère. Les fréquences des ondes captées par THEMIS étant trop basses pour être perçues par l'oreille humaine, l'équipe HARP les a accélérées pour les convertir en ondes sonores.
Écoutez les sons de l'espace, aidez à en apprendre davantage sur la relation Soleil-Terre grâce au projet HARP. Crédits: NASA/Beth Anthony
Grâce à un outil interactif développé par l'équipe, les participants peuvent écouter ces ondes et identifier les caractéristiques intéressantes qu'ils perçoivent dans les sons. L'équipe HARP estime que les humains sont souvent meilleurs que les ordinateurs pour repérer des modèles d'ondes intéressants à l'oreille plutôt qu'à l'œil, notamment lors d'événements solaires extrêmes.
HARP a été inspiré par un précédent projet de sonification dirigé par Martin Archer, appelé MUSICS (Magnetospheric Undulations Sonified Incorporating Citizen Scientists). Lorsque des élèves londoniens ont écouté des données sonifiées provenant de satellites de la NOAA, ils ont identifié un nouveau modèle d'onde de plasma lié aux tempêtes solaires.
Le projet HARP, en exploitant un plus grand ensemble de données de la mission THEMIS et en s'appuyant sur un public en ligne plus large, vise à faire progresser ces découvertes. L'équipe souligne l'avantage d'impliquer un groupe varié de personnes dans l'écoute des sons, car chacun perçoit le monde différemment et peut être attiré par des aspects que d'autres ignorent.
Les premières investigations du projet HARP ont déjà révélé des caractéristiques inattendues, comme ce que l'équipe appelle une "harpe inversée": des fréquences évoluant de manière opposée à ce que les scientifiques anticipaient. Selon Archer, HARP a le potentiel de découvrir des phénomènes surprenants. Le projet pourrait également apporter des éclaircissements sur des phénomènes rencontrés par d'autres scientifiques citoyens de la NASA, comme les sons captés par les radioamateurs participant au projet HamSCI ou les aurores en forme d'ondes étudiées grâce au projet Aurorasaurus.
Robert Alexander, membre de l'équipe HARP, estime que la sonification des données permet aux humains d'apprécier la musique naturelle de l'univers.